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Le tour du jardin de Clémence

Clémence DesRochers

Le tour du jardin de Clémence

Publié le 29/04/2014

Vendredi soir, 20 h pile, trois musiciens entrent sur la scène de la salle Pierre-Legault, à Rosemère, s’installent et commencent à jouer. Dès les premières notes, on reconnaît la jolie mélodie de Je ferai un jardin.

Dans la salle, pleine à craquer, l’effet est immédiat. Dans l’air, on sent la fébrilité. Tous attendent l’arrivée de Clémence. Car c’est bien d’elle dont il s’agit: Clémence DesRochers, la grande Clémence. Celle qu’on aime parce qu’elle nous ressemble, nous fait rire, nous charme, nous émeut.

Soudain, au fond de la scène, le rideau bouge. Sortie tout droit d’une toile peinte aux couleurs d’une forêt automnale, Clémence apparaît. Toute menue, frêle, souriante, radieuse. «Vous êtes contents de me voir? Moi aussi!» lance‑t‑elle. Le ton est donné. La soirée s’annonce belle. Le dernier show de Clémence peut commencer… Parce qu’il s’agit bien de son dernier. Son dixième dernier, tient‑elle à préciser, mais le vrai dernier cette fois. «Parce que j’ai 80 ans. C’est fatigant d’avoir 80 ans», soupire‑t‑elle.

Sauf que ce qu’on a vu, pendant les deux heures qui ont suivi, c’est une femme en pleine forme, qui danse, chante, rit, récite des poèmes et raconte des histoires. Heureuse d’être là, sur scène, encore et toujours. Une artiste qui perd facilement (et souvent) le fil, mais qui se rattrape tout aussi rapidement grâce à son chef d’orchestre, Steve Normandin, qui lui fait office de «mémoire». Qui ne perd pas un seul mot de ce qu’elle dit et qui complète sans hésitation la moindre phrase débutée par Clémence.

L’humour de Clémence

Aussi avec elle sur scène, Marie Michèle Desrosiers, une amie venue partager des souvenirs et chanter quelques belles chansons, avec ou sans Clémence.

Mais l’essentiel du spectacle, le cœur demeure Clémence. Tout en verve, en coquetterie et en taquinerie. Avec son public, qu’elle interpelle constamment et ses musiciens, avec qui la complicité crève les yeux. Il y a le propos aussi, actuel, percutant. Il faut s’attarder sur le monologue La jaquette en papier, troublant de véracité et d’actualité, malgré ses presque 40 ans bien sonnés.

Et il y a l’humour. Car tout en Clémence est humour et prétexte à rire. La seule interprétation de la chanson Georgeville, chantée en duo avec Marie Michèle Desrosiers (qu’elles ont dû recommencer à quatre reprises tant Clémence en bafouillait les mots), est un exemple éloquent du degré d’autodérision dont seule Clémence est capable. «Mes dents, s’est‑elle excusée, mes dents sont trop longues. J’appelle le dentiste demain matin!»

Après presque deux heures de spectacle, sans pause ni répit, son public toujours dans sa petite poche, Clémence est revenue chanter Je ferai un jardin. Ce qu’on lui souhaite de faire pendant la belle saison qui s’amorce.

Et pour ceux et celles qui souhaitent voir (ou revoir) Clémence, sachez qu’elle sera de retour à Sainte-Thérèse, le 19 septembre prochain, au Théâtre Lionel‑Groulx.