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La piqûre du slam avec Pascale Rochette

Pascale Rochette

La piqûre du slam avec Pascale Rochette

Publié le 11/03/2021

Tiens, projetons-nous dans l’avenir, un instant. Disons, au mois d’octobre, dans une salle de la bibliothèque de Sainte-Thérèse. Dans ce monde (on l’espère) post-covid, un groupe de jeunes se relayent sur la scène pour livrer une lecture publique des textes qu’ils ont produits au fil des ateliers animés par la slameuse Pascale Rochette. Un recueil est aussi lancé. Ça vous dirait d’y être?

Vous, ça peut être le public, sans doute encore masqué et à distance horacienne, mais ça peut surtout être vous, qui fréquentez la Maison des jeunes des Basses-Laurentides et qui aurez reçu, comme un vaccin qu’on inocule contre l’ennui ou toute autre forme de détresse, la piqûre du slam, telle qu’administrée par l’artiste thérésienne (qui chante, aussi, et qui travaille en milieu scolaire, comme technicienne en Éducation spécialisée; voir autre texte).

Libérer l’émotion

«Le slam, c’est une forme de poésie un peu moins propre, dit-elle, en plaçant le qualificatif entre de gros guillemets. Moins propre parce qu’on a moins de contraintes, on n’a pas un niveau de langage imposé et qu’on bénéficie d’une structure plus souple. Ce que l’on garde de la poésie, c’est l’utilisation des mots comme des éléments de percussion.»

L’autre nuance, dira-t-elle, c’est que la poésie, au sens où on l’entend généralement, repose sur des assises davantage affectives, alors que le slam versera plutôt dans des considérations sociales. On peut, à loisir, l’appuyer sur de la musique, mais ça n’a rien d’obligatoire, ce qui en fait un art résolument accessible. Un art qui l’a elle-même sortie de son mutisme, d’une forme d’enfermement volontaire dans lequel elle s’était placée, à une certaine époque de sa vie. «L’écriture permet de libérer les émotions qui nous habitent. On peut se faire du bien à soi et même aux autres», dit-elle, tout simplement.

Perceptions multiples

Voilà ce à quoi seront initiés les participants et participantes à ces ateliers qui seront dispensés tout au long de l’été à venir, par Zoom ou en présentiel, par une artiste bouillonnante d’énergie, qui cherche tout bonnement à transmettre sa passion, ce que lui permet le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), qui finance le projet à hauteur de 80 %. Une subvention de la députée de Thérèse-De Blainville et la vente du recueil complèteront le montage financier.

L’artiste invitera les jeunes à réfléchir sur un thème bien précis, qui promet toute même une diversité de débouchés : les perceptions multiples d’une même réalité. Pour dire les choses autrement, il est tout à fait normal, dans la vie, de noter l’existence d’un phénomène, de l’analyser et de le comprendre pour observer respectueusement, en bout de ligne, que notre voisin le reçoit d’une tout autre manière. «J’ai envie d’écrire là-dessus, et j’ai envie d’entendre les jeunes me parler de ça», dit-elle.

Le non-jugement

La passion de Pascale Rochette, c’est aussi de mettre l’art au service des individus marginalisés, comme elle a eu l’occasion de la faire, par le passé, avec la population carcérale, ou encore avec des jeunes aux prises avec des problèmes de toxicomanie ou une déficience intellectuelle. «Ça me procure un sentiment de satisfaction et de réalisation sans pareil», exprime-t-elle.

Quant aux jeunes qu’elle côtoiera cet été (et qui auront été recrutés par la Maison des jeunes), elle souhaite allumer en eux ce désir d’écrire qu’elle a osé libérer, un jour, sans jamais le regretter. «J’aimerais les accueillir en slamant, en leur faisant sentir que je suis dans le non-jugement total et qu’ils sont parfaitement capables d’écrire», soumet-elle.