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La chenille qui voulait se faire papillon

La Chenille Qui Voulait Se Faire Papillon

La chenille qui voulait se faire papillon

Publié le 04/11/2017

Le mythe de Pygmalion a beau remonter à l’époque de la Grèce antique, on l’a repris à toutes les sauces tout au long de l’histoire, tant en peinture qu’en sculpture, au cinéma (My Fair Lady) et bien sûr au théâtre, sous la plume du dramaturge britannique George Bernard Shaw dont la pièce écrite en 1914 fait l’objet d’une adaptation du metteur en scène Martin Lavigne et parcourt le Québec sous les auspices de La Comédie Humaine

Le mythe de Pygmalion a beau remonter à l’époque de la Grèce antique, on l’a repris à toutes les sauces tout au long de l’histoire, tant en peinture qu’en sculpture, au cinéma (My Fair Lady) et bien sûr au théâtre, sous la plume du dramaturge britannique George Bernard Shaw dont la pièce écrite en 1914 fait l’objet d’une adaptation du metteur en scène Martin Lavigne et parcourt le Québec sous les auspices de La Comédie Humaine.

L’intrigue n’a guère changé, mais c’est dans le Montréal de 1938 que l’on transpose l’histoire d’Élisa (Élizabeth Duperré), cette fleuriste itinérante qui veut prendre du galon social et qui se rend chez le professeur Higgins afin que ce dernier lui enseigne les bonnes manières et la rhétorique.

Le choc des classes

«La pièce a encore des résonnances dans notre époque, en ce sens qu’elle parle de l’écart entre les classes sociales, de l’accomplissement de soi, du désir d’aller au bout de ses rêves» , énumère Jean-François Beaupré, qui incarne le rôle d’Higgins, ce professeur de diction qui accepte comme une sorte de défi ludique le mandat de transformer cette chenille en papillon.

Il fera tout cela en se donnant un ascendant sur cette jeune fille qui ne manque certes pas d’intelligence, mais qui n’a pas l’éducation requise pour arriver à ses fins. «L’idée d’amener tout ça à Montréal rend la chose beaucoup plus intéressante pour le public d’ici puisqu’Élisa s’exprime en joual, alors que le professeur lui répond en français normatif» , souligne le comédien qui pointe là l’un des éléments comiques de la pièce.

Son personnage, qui joue de la langue comme un virtuose de son violon, parle alors un français standardisé, à quelque distance du français radio-canadien de l’époque, une piste que l’on a d’abord explorée avant de s’en éloigner. L’important, c’est que l’écart entre les niveaux de langages soit maintenu, ce qui donne encore plus de force au choc des classes sociales qui fait naître moult situations cocasses.

«Élisa, parce qu’elle est vraiment déterminée, devient très attachante. Et mon personnage, plutôt exaspéré au départ, finit par se laisser attendrir. En fait, ils apprennent l’un de l’autre» , poursuit Jean-François Beaupré.

Des personnages colorés

Autour d’Élisa et Higgins s’agite toute une galerie de personnages apportant leur couleur et leur contribution comique, notamment en incarnant toute la préciosité d’une certaine bourgeoisie. Sa mère (Christine Lamer), questionnera la démarche, son ami (Pierre Chagnon) s’en fera complice, par exemple, alors que défileront aussi la gouvernante (Élisabeth Chouvalidzé), deux parvenues (Carmen Sylvestre et Maryève Alarie) de même que le père d’Élisa, incarné par Marc-André Coallier.

«C’est un drame et une comédie en même temps» , nuance Jean-François Beaupré, qui présente son personnage comme un célibataire endurci, riche par filiation, mais tout de même féru de diction (à chacun ses passions), un homme qui hante les rues en notant les phrases pittoresques qui lui viennent aux oreilles.

Est-ce que comme le sculpteur de la mythologie grecque, ce Pygmalion des temps modernes finit par tomber amoureux de son œuvre? «Ça arrive dans My Fair Lady (le film), mais ce n’est pas dans le texte de George Bernard Shaw. Tout de même, on finit sur une note qui peut laisser entendre qu’une porte reste ouverte» , indique le comédien.

À noter que l’action se déroule dans un lieu unique, sur une période de six mois, alors que les personnages défileront dans la maison d’Higgins, un espace ouvert avec palier et fenêtres donnant sur un jardin, un très beau décor magnifiquement éclairé, nous dit son interprète. Coiffures et costumes respectent l’époque, et la musique qui accompagne le tout fait songer à une trame sonore de cinéma.

Le public s’en régale déjà, ajoute le comédien, alors que celui du Théâtre Lionel-Groulx est convié le jeudi 16 novembre à 20 h [http://www.odyscene.com]. La pièce sera également présentée à la polyvalente Deux-Montagnes, le 17 mars (450 623-3131) et au Théâtre Gilles-Vigneault de Saint-Jérôme, le 25 avril [http://www.enscene.ca].