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Jacques Masson: passer par l’ouïe pour chatouiller l’esprit

Le batteur Jacques Masson et ses musiciens, au Jeudi Jazz du collège Lionel-Groulx.

Jacques Masson: passer par l’ouïe pour chatouiller l’esprit

Publié le 07/05/2012

C’est le saxophone qui accroche l’oreille en animant le petit pied qui bat la mesure, dès les premières lignes du disque Take off, du batteur Jacques Masson et ses Free hard boppers. Mais ne vous y trompez pas, le petit pied a tout aussi bien compris le plaisir rythmique de ce disque qui passe par l’ouïe pour chatouiller l’esprit. 

Il est important de préciser que le batteur, qui présente son tout premier disque de compositions originales, est aussi enseignant à Lionel-Groulx depuis 1975 et titulaire de la classe de batterie depuis 1982.

Le technicien était donc reconnu depuis belle lurette et ses collaborations avec Oliver Jones, Charles Biddle, Michel Donato, Ranee Lee, Luc Beaugrand, et autres, l’auront fait cheminer en musique comme en notoriété.

Il n’y manquait plus que le compositeur à révéler et il arrive en pleine maturité avec le disque Take Off, inspiré des influences du Jazz messenger band, d’Art Blakey, qui donnait ses titres de noblesse au hard bop au milieu du siècle dernier.

Notre souvenir le plus impérissable des Jeudis Jazz du collège le concerne directement, alors qu’il avait donné la réplique dans une superbe improvisation à un jeune claviériste au talent exceptionnel. On appelle ça un moment de grâce.

Jacques Masson est donc à la hauteur de tout instrumentiste prodige auquel il se mesurera en improvisation, alors imaginez le résultat quant le batteur s’acoquine Normand Guilbault à la basse, Sylvain Provost à la guitare et Al McLean au saxophone ténor (la prise de son et le mixage du disque sont de Paul Johnston).

Les batteurs y trouveront une grande inspiration et le simple mélomane un plaisir constant dans ces rythmes qui trafiquent les mesures pour mieux jouer sur les tempos.

L’agilité et la rapidité servent une grande musicalité, qui a de toute évidence inspiré ses accompagnateurs, et il fallait un bassiste de la trempe de Guilbault pour épouser des rythmiques aussi créatives, avec l’archet sur quelques délicieuses mesures.

Généreux avec ses musiciens accompagnateurs, Jacques Masson a aussi récolté ce qu’il y a de meilleur en chacun d’eux, ce qui résulte en un produit de haut niveau qui s’écoute avec ravissement.

Les répliques entre Paul Johnston, au saxophone ténor, et Provost sur zTrans Parents sont animées par cette batterie qui meuble parfaitement chaque pièce et la complicité du quatuor est à son meilleur avec Take Off, la pièce titre du disque.

Il faut savoir que le musicien est aussi auteur de deux méthodes intitulées Jeux rythmiques et Coordination mélodique à la batterie, et que notre homme est aussi titulaire d’un Bac en Compositions et Arrangements Jazz de l’Université Concordia.

Ce n’est plus seulement le théoricien et pédagogue qui impressionne, mais définitivement le compositeur arrangeur avec son style tout en nuances dont les subtilités mettront à rude épreuve ses jeunes émules qui voudront s’approprier ce hard bop dans toute sa musicalité.

Vous pouvez entendre l’une des sept plages de Take Off sur iTunes et le disque est disponible chez Archambault, au centre-ville montréalais.