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<em>Isabelle </em>: un stand-up tragique qui brasse tous les tabous

Fabien Dupuis propose Isabelle, un stand-up tragique qu’il présentera au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, le jeudi 13 octobre à 20h. Information : [www.odyscene.com] ou 450-434-4006.

Isabelle : un stand-up tragique qui brasse tous les tabous

Publié le 28/09/2016

En tournant les coins ronds, c’est ainsi qu’on résumerait la pensée de l’auteur et comédien Fabien Dupuis quand il décline les composantes de son «Isabelle», premier opus de cet «acteur qui écrit» et qui sera présenté au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, le jeudi 13 octobre.

«C’est l’histoire d’un gars qui est en amour avec sa cousine (Isabelle) depuis longtemps. Leurs jeux d’enfants deviennent de plus en plus sexués, sa mère les pogne, il mange une volée», résume-t-il en parlant de Daniel, le personnage principal qu’il incarne (et quelques autres) dans un solo théâtral qu’il avait présenté à la Maison Lachaîne, en 2013, qui parle d’éveil sexuel, de castration masculine et de violence maternelle, des thèmes qui réfèrent normalement au drame, mais qui, dans leur livraison, prennent une tournure résolument comique, d’où cette formule évocatrice : stand-up tragique.

Conjurer le malaise par le rire

Pour en avoir vu un extrait (que vous trouverez d’ailleurs facilement sur Youtube), disons que la candeur manifeste de ce quadragénaire un tantinet bizarre et bloqué à l’âge de 12 ans installe rapidement le ton. On rit, non sans ressentir un certain malaise, toutefois. «C’est voulu, affirme Fabien Dupuis. C’est un spectacle qui ne porte que sur les tabous. Ça avait commencé par un monologue comique qui est devenu de plus en plus dramatique.»

Et pour faire avaler la pilule, on passe par le rire. Ce qu’on lui témoigne bien souvent, d’ailleurs, c’est que lorsque le propos devient pratiquement insoutenable, une bonne blague vient désamorcer l’inconfort ressenti. Une fois la soupape refermée, on en rajoute une couche. Il en va ainsi jusqu’à la fin de ce spectacle qui dure 70 minutes, sans entracte, et qui a été présenté environ 70 fois depuis 2012.

Un texte libérateur

«Ce spectacle, c’est comme une douche froide, des montagnes russes d’émotions», reprend-il, ajoutant que cette Isabelle aurait aussi un effet cathartique sur plusieurs spectateurs qui s’en sont ouverts après coup. «Il y a plein de gens qui sont venus me raconter avoir vécu pareille chose avec un cousin ou une cousine. Ce show-là libère le monde», poursuit l’acteur.

C’est aussi une chute libre ver le néant, celle d’un être qui, avant de pouvoir évoluer et se libérer, doit d’abord aller à la rencontre de lui-même, en identifiant et en touchant à ses douleurs. «C’est un gars qui a besoin de se décharger, de parler, chose qu’il n’a jamais faite de toute sa vie», ajoute Fabien Dupuis, qui a confié la mise en scène de son texte à Marc Béland.

«Marc est un homme très brillant. Il m’arrivait parfois avec des couleurs de jeu qui étaient à l’opposé de ce que je pensais et qui augmentaient souvent la puissance du texte. Il m’a aussi permis de creuser en-dedans de moi. Quand il me parle, je comprends tout de suite», évoque-t-il pour souligner la complicité qui s’est établie dès le départ entre les deux artistes.

La petite et la grande histoire

Quant à l’ambiguïté concernant le caractère autobiographique de la pièce, Fabien Dupuis précise : «J’ai pris des petites histoires qui me sont arrivées et j’en ai fait une grande histoire. Oui, j’ai mangé des claques, mais des claques des années 1970. J’ai poussé au maximum pour éviter que ça ne donne pas juste un journal intime qui aurait été probablement ennuyeux.»

Sur le travail d’acteur, Fabien Dupuis explique qu’il s’est laissé, comme toujours, guider par son instinct, mais aussi en observant tous ces individus (ils sont nombreux, dit-il) qui ont une vie extrêmement difficile et qui la traversent comme si tout ce qui leur arrive était normal. «C’est pour ça qu’on rit beaucoup. C’est parce que mon personnage ne trouve jamais qu’il fait pitié. Il veut juste vivre», renchérit-il.

C’est donc ce qu’il fera devant vous, le jeudi 13 octobre au Cabaret BMO, avant de réapparaître dans les deux prochains textes de Fabien Dupuis, lequel poursuit l’écriture d’une trilogie qui nous amènera Camil (le rapport au père) et Daniel (la décastration).