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Humour: Jérémy Demay? Faut voir!

Jérémy Demay s’est aussi révélé un habile guitariste et un bon chanteur.

Humour: Jérémy Demay? Faut voir!

Publié le 19/03/2013

Humoriste français à l’humour résolument québécois, Jérémy Demay a pris d’assaut la scène de l’église Sacré-Cœur de Sainte-Thérèse, le week-end dernier.

Énergique et en contrôle, malgré qu’il présentait son tout premier spectacle soloen rodage pour la 12e fois seulement, Demay a fait la démonstration qu’il sait rattraper au bond les balles que lui envoie son public. Qui plus est, il n’en rate pas une. On retient de sa prestation son aisance sur scène, mais aussi son intégration de la langue (et la culture) québécoise, bonifiée par son accent français.

Son premier numéro traite d’ailleurs de son arrivée au Québec, il y a huit ans, et de son rêve de faire son premier spectacle ici. A suivi un brillant numéro sur les expressions françaises et québécoises, ces dernières étant nettement plus viriles, selon lui. «Ici vous avez la LHN, en France, on a la FIFA», image-t-il. Il faut dire que les Québécois, constate-t-il, descendent directement des bandits et filles de joie qu’étaient les premiers colons québécois, tandis que la haute bourgeoisie et autres gens «pognés» sont demeurés en France.

Il faut aussi le voir diriger son public pour créer de toutes pièces Sainte-Thérèse Beach (la preuve est publiée sur sa page Facebook), avec vagues, palmiers et cris de mouettes. Édifiant.

Longtemps troublé, voire effacé par son allure physique (il mesure 6 pi 5 po) et ses trois cicatrices au visage («J’ai les cicatrices, mais pas les histoires qui vont avec», lâche-t-il), Demay rit aussi du discours réduit des Québécois qui se termine la plupart du temps par «Fait que… c’est ça qui est ça», de l’analogie entre l’homme penché sur son iPhone et le singe, tout comme de la place qu’occupe Internet dans nos vies (Internet a remplacé la religion, rien de moins).

Mais ce qui charme encore plus chez Demay, c’est sa facilité à communiquer avec les gens, surtout lorsqu’il parle de la dépression qui l’a accablé il y a quelques années.

La deuxième partie de son spectacle, nettement plus sentie et, par conséquent, moins rigolote, permet d’ailleurs au jeune humoriste de mieux faire valoir sa démarche, lui qui se qualifie d’humoriste humaniste. Hormis quelques numéros plutôt bien réussis, surtout son délire sur la chanson Je l’aime à mourir, de Francis Cabrel, Demay sert ici à son public une parenthèse plus intime de sa vie, plus intérieure aussi, durant laquelle il s’imagine en train de lire au dalaï-lama son Ode à la vie, où il est notamment question de beauté de la vie et de bonheur et où la personne prend le dessus sur son apparence physique.

Un ton vulnérable, sensible et personnel qui lui sied bien et qui le distingue de bien d’autres humoristes.