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Guillaume Wagner: les quatre vérités

Wagner est drôle et intelligent. Son spectacle au contenant souvent vulgaire propose un contenu pertinent et générateur de réactions

Guillaume Wagner: les quatre vérités

Publié le 14/05/2013

Chose certaine, l’humoriste Guillaume Wagner n’a pas la langue dans sa poche. De toute façon, on ne s’attend pas à autre chose de celui qui est bien connu pour son travail avec Jean-François Mercier et Mike Ward.

Il choisit d’ailleurs d’intituler Cinglant son premier spectacle solo qu’il trimballe à travers le Québec et dont la tournée s’est arrêtée au Théâtre Lionel-Groulx, le 2 mai dernier. Ne faisant pas dans la dentelle, il lance leurs quatre vérités à tout un chacun, homme ou femme en tant que couple ou individu, mais aussi comme citoyen du Québec et du monde.

C’est comme une rock star qu’il fait son entrée en scène et c’est comme tel qu’il est accueilli par une salle comble d’un public plutôt jeune et conquis d’avance. «Apparaissant» au centre du plateau au son d’une musique tonitruante, au terme d’un immense décompte lumineux, Guillaume Wagner n’y va pas par quatre chemins pour se décrire en tant qu’humoriste. Il n’est pas «grand public», ne cherche pas à plaire et déplore l’hypocrisie qui nous fait prétendre ne pas vouloir ni aimer être choqué.

En ce début de spectacle, il jauge les réactions du public, s’ajustant à celui-ci, testant ses limites à grand renfort de gags assez crus. Il en fait d’ailleurs son apanage, s’exprimant sans filtre, avec un langage coloré, mais l’oreille s’y fait bien vite. Car Wagner est drôle et intelligent, son spectacle au contenant souvent vulgaire propose un contenu pertinent et générateur de réactions, mais aussi de réflexions. Il réussit même à aborder le sujet des relations hommes-femmes de manière rafraîchissante, s’aventurant dans des contrées souvent inexplorées par ses confrères plus politiquement corrects.

Car s’il a laissé euphémismes et gants blancs à la maison quand il est question de sexe, Wagner détaille aussi des comportements féminins ou masculins que l’on préfère taire et dans lesquels on se reconnaît avec un plaisir coupable… mais non dissimulé!

L’humoriste joue dur, mais il le fait de manière juste. S’il décrypte généralement bien la psyché féminine et prend un malin plaisir à souligner ses travers, il écorche tout autant les gars, avec beaucoup d’autodérision et de lucidité.

Ce sujet, qui fait les choux gras des humoristes, n’est toutefois pas le seul dans la mire de Guillaume Wagner. N’échappent pas à son œil vif et à son sarcasme notre utilisation abusive et inappropriée des réseaux sociaux, la misogynie des filles entre elles ou encore la nostalgie précoce qui teinte la génération Y et les conséquences insoupçonnées du «printemps érable». Il s’insurge contre l’homophobie de façon originale, déplore certaines mentalités communes et désuètes, regrette notre absence de rituels collectifs autres que commerciaux.

Livré avec un indiscutable sens du punch et une dégaine d’élève baveux, le texte trouve son appui dans un jeu très physique et des expressions faciales exacerbées. Le public semble prendre plaisir à se voir ainsi malmené par les interventions acerbes de Wagner, lesquelles, sous une bonne couche de gros mots et de gags gras, recèlent de véritables pistes de réflexion, des points de vue inusités.

À voir en supplémentaire au Théâtre Lionel-Groulx, le 20 décembre prochain.