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Gautier Battistella : écrire pour profiter de la vie

Gautier Battistella, auteur du roman Un jeune homme prometteur, récipiendairedu prix Québec-France Marie-Claire-Blais.

Gautier Battistella : écrire pour profiter de la vie

Publié le 26/04/2016

Il ne semble pas priser particulièrement le milieu littéraire, mais il aime la littérature et surtout les lecteurs. Ce sont eux, d’ailleurs, qui ont consacré son premier roman, «Un jeune homme prometteur», en lui attribuant le prix Québec-France Marie-Claire-Blais.

Tout au long d’une brève tournée québécoise qui lui aura permis de venir les remercier de vive voix, Gautier Battistella était de passage à Sainte-Thérèse, la semaine dernière, pour discuter de son bouquin avec les membres de l’Association Québec-France Portes des Laurentides.

Il existe 18 associations régionales, au Québec, et c’est au sein de chacune d’elles que, depuis 2005, on forme des comités de lecture chargés d’examiner les propositions émanant du Festival du premier roman de Laval, en France. Cette année, c’est donc l’œuvre de M. Battistella, un ouvrage de 400 pages publiée chez Grasset, qui a été primée pour «la qualité de l’écriture, la richesse du vocabulaire, la finesse d’expression, le sens de l’image, les personnages bien campés et attachants», de même que pour «les émotions fortes que sa lecture provoque.»

Un bastion d’imposteurs

Ils ont aussi craqué pour le personnage principal du livre, un jeune auteur (le narrateur) qui veut joindre les cercles de l’élite littéraire parisienne, qui y parvient en découvrant plutôt une société qui lui déplaît, un bastion d’imposteurs et un univers de faux-semblants. Un monde, en fait, qui se trouve en travers du chemin dans sa quête d’une mère inconnue, dans sa recherche de liberté et de gloire, un parcours qui le mènera jusqu’aux portes de la folie.

Paru en 2014, le roman a aussi été récompensé à Namur (Prix Jean-Claude Brialy) et Limoges (prix Premier Roman), ce qui met forcément la barre haute pour le prochain opus, ce dont le principal intéressé prend acte. «Le deuxième roman est toujours le plus compliqué. On vous attend. Est-ce que le premier était un coup de chance? Alors qu’au troisième, vous êtes consacré romancier», exprime M. Battistella, en soulignant qu’il existe beaucoup d’auteurs d’un seul roman.

Le travail

«J’aimerais écrire un deuxième premier roman!», blague-t-il, d’ailleurs, tout en prévenant qu’il faut se garder de croire qu’il y a des recettes. «Il faut avoir l’égo nécessaire pour écrire et l’humilité d’enlever certains passages. Il faut aussi penser au lecteur, lui permettre de quitter momentanément l’autoroute de la vie et d’emprunter des voies secondaires», poursuit-il.

Et travailler! Voilà un mot qui revient souvent dans le vocabulaire de l’écrivain, avec une résonance qui lui est propre, cependant. «Désolé pour ceux qui ont ce problème, mais moi, je ne connais jamais l’angoisse de la page blanche. Écrire est une chose naturelle, pour moi. Mais je travaille beaucoup à dégraisser et à muscler les phrases», dit-il, ce qui ne semble pas être une corvée pour autant, bien que le défi de construire une histoire demeure la plus grande part du défi. «J’ai vu mes parents travailler beaucoup, alors je me suis dit : profite de la vie. Et la seule chose qui me coûte moins et qui me fait du bien, c’est l’écriture», reprend-il, en évoquant les vertus cathartiques de la chose.

À venir : un thriller psychologique

Le prochain roman de Gautier Battistella en sera un d’observation chirurgicale, un thriller psychologique écrit à la troisième personne, contrairement au «je» davantage poétique du premier. Ce sera donc un «il», qui se promènera avec une caméra à l’épaule, d’imager le romancier, lequel y placera l’action dans une entreprise, un lieu privilégié pour étudier les relations entre individus, dit-il. Ce sera aussi un roman assujetti à un plan et une structure davantage serrés que le premier.

La sortie est prévue en 2017, mais vous pourrez patienter en parcourant les 400 pages d’Un jeune homme prometteur, primé par ce que l’auteur appelle des vrais lecteurs, c’est à dire des gens comme vous et moi, amoureux des lettres pour des raisons qui lui semblent meilleures. «Vous ne me connaissiez pas, il n’y avait donc pas de retour d’ascenseur possible», lâche-t-il, billet d’avion en main, prêt à repartir chez lui, où un agréable boulot l’attend.