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Ferland: comme une déclaration d’amour

Jean-Pierre Ferland ressent encore un immense bonheur au contact du public. Son spectacle de dimanche dernier, au TLG, avait tout d’une déclaration d’amour.

Ferland: comme une déclaration d’amour

Publié le 15/02/2016

Les yeux brillants, le sourire à l’avenant, ses mains sculptant les contours de ses mots, Jean-Pierre Ferland transpirait le bonheur, dimanche dernier, choisissant le jour de la Saint-Valentin pour renouer avec un public amoureux qui lui faisait une salle comble, au Théâtre Lionel-Groulx.

Il ne fait pas du tout ses 81 ans, celui qui, après une retraite annoncée il y a bien dix ans, brisait le silence avec Le show-business, une chanson qui nous disait d’emblée son plaisir et surtout son désir d’être là.

C’est qu’il s’est ennuyé de nous, le monsieur, et il nous l’a dit et répété de toutes les manières, entouré de deux choristes et quatre nouveaux musiciens (dont l’excellent guitariste Jean-François Beaudet, qu’on voit notamment à Belle et Bum), avec qui il se produisait en public pour la toute première fois.

Le trac éminemment palpable, la voix un tantinet hésitante en début de spectacle, quelques petites erreurs ici et là, il faudra sans doute deux ou trois représentations avant que toute le monde y trouve son confort, il n’en demeure pas moins que ce monument de la chanson québécoise nous a fait passer un sacré bel après-midi.

Une œuvre pleine et riche

Des chansons, il en a écrit des tas et parmi les plus belles, qui ne vieillissent pas du tout et qu’on ne se lasse pas d’entendre. Il suffit de se pencher pour ramasser les bijoux semés au fil du temps, sur des albums aux noms évocateurs (Jaune, Soleil, Les vierges du Québec, Écoute pas ça et tutti quanti).

T’es belle, Sing Sing, Le petit roi, Une chance qu’on s’a, Un peu plus loin, Si je savais parler aux femmes, Qu’est-ce que ça peut ben faire, La musique, Qu’êtes-vous devenues mes femmes?… on pourrait passer autant de temps à énumérer les grandes chansons qu’il nous a servies que celles qu’il n’a pas chantées. C’est vous dire la richesse de l’œuvre qu’il aura léguée à notre culture.

Sur scène, Ferland nous les offre une après l’autre pendant 90 minutes, sans entracte, solide sur ses deux jambes (on ne l’a même pas vu prendre un seule gorgée d’eau), retrouvant son aplomb et sa voix en cours de route, dans un spectacle-récital jalonné d’anecdotes savoureuses sur ce qui les a fait naître.

C’est ainsi, par exemple, qu’on apprend qu’un premier joint de pot fumé… à 45 ans, fut à l’origine du Petit roi et que Swignez votre compagnie a été écrite pour combler les attentes du public français, apparemment friand de chansons «tape-la-galette» à la sauce québécoise. «C’est facile, suivez ma bouche!», nous dit-il, l’œil malicieux, en nous invitant à la chanter avec lui.

Petit emprunt à Brel

De cette histoire d’amour qu’il a vécue avec la France, Ferland a rapporté quelques textes et des musiques, mais aussi une admiration bien sentie pour des pointures de la trempe de Brassens, Ferré et Brel. Aussi, Ferland s’est-il permis d’en emprunter une à ce dernier, nous servant La chanson des vieux amants, une chanson magnifique, la plus belle de toutes, nous avait-il dit en entrevue, qu’il aurait très bien pu écrire lui-même, quand on y pense.

Ce spectacle intitulé Arrive en ville! ira partout où on l’invitera, nous avait dit Ferland en entrevue : «Je meurs d’envie et d’ennui quand je pense que je pourrais rater un public comme vous. Bonsoir, mes amis!», nous a-t-il laissé en guise d’au-revoir. Bienheureux qui l’accueillera.