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Des soirs comme ça…

(Photo Michel Chartrand)

Des soirs comme ça…

Publié le 20/11/2009

Les Soirées Mort de rire se suivent, mais ne se ressemblent pas, au cabaret de l’église Sacré-Cœur. Malgré la variété des styles et des univers proposés à chaque édition, c’est parfois le public qui n’est pas tout à fait au rendez-vous. C’était malheureusement le cas, le jeudi 12 novembre, pour cause de partie de hockey ou encore de marasme automnal, alors que l’animateur René Forget et ses invités s’escrimaient à réveiller les ardeurs d’un public peu nombreux et inconstant dans ses réactions.

Pour son premier tour de parole, René Forget sollicite dès le départ la participation de volontaires du public pour s’attaquer sur scène à des exercices de diction. L’entreprise est risquée et, malgré la bonne volonté des participants, de même que la belle idée présentée par un René Forget féru de la langue française, le numéro est tièdement reçu par la foule, laquelle apprécie toutefois le gag final de l’animateur, qui y va d’une histoire plus traditionnelle à la «une fois c’t’un gars» avant de céder le micro au premier invité de la soirée, Alexandre Champagne.

Ce dernier charme bien vite les spectateurs avec sa bouille sympathique et son humour irrévérencieux. Avec son franc-parler, il nous expose son incompréhension envers les amoureux de la culture médiévale, se questionnant sur cette «si belle époque» avec des contre-exemples à la pelletée. Empoignant sa guitare, il nous dit son amour de la musique avant de nous offrir des compositions de son cru, des chansons allant droit au but, avant d’y aller d’un medley hip-hop acoustique des plus absurdes.

Champagne sort de scène sous des applaudissements plutôt nourris, mais pas assez au goût de René Forget, qui revient solliciter le public en ayant recours à des méthodes que l’on pourrait qualifier d’extrêmes… C’est ensuite Cathleen Rouleau qui entre en scène, théâtrale, vêtue d’un costume d’ange aux ailes immenses. Reconnue pour son humour noir, elle ne passe pas par quatre chemins pour nous raconter la mort de son personnage. Elle dément toutes nos images préconçues du paradis et de l’enfer avec des propositions étonnantes, piquant au passage le système de santé et les amateurs de Donjon et Dragons ou encore s’acharnant sur les roux. C’est en grande pompe qu’elle termine son numéro, se faisant l’ange gardien d’un Luc transsexuel avec une chanson aux allures de comédie musicale bien reçue du public.

Au retour de l’entracte, René Forget et Cathleen Rouleau se prêtent au jeu de l’improvisation, pour leur bon plaisir et celui des spectateurs, lesquels en ont pris un malin à choisir des mots que les deux improvisateurs se devaient d’incorporer à leur sketch. Ayant repris du poil de la bête, le public semble prêt à accueillir Charlypop, tête d’affiche très attendue de la soirée.

Dès son entrée en scène, le «maître bruiteur» nous en met plein les oreilles avec un numéro de beatbox des plus entraînants. Affirmant être tombé dans une marmite de sons quand il était petit, Charlypop raconte les histoires comme pas un, en reproduisant les environnements sonores avec sa bouche pour seul instrument. Accents de différentes nationalités, instruments de musique dans sa recette de bossa-nova, bruits du quotidien, jeux vidéo, rien n’est à son épreuve dans des numéros qui peuvent faire penser à du François Pérusse live.

Mais malgré d’impressionnantes performances de bruitage, la fatigue du public se fait bientôt sentir, ce qui offre un contraste avec l’énergie inépuisable de l’artiste. Et si ce dernier rate la cible avec son numéro abordant les différences culturelles dans un cadre sexuel, ses trouvailles de narration comique et son incroyable talent de bruiteur sauvent la mise et c’est sous les cris et les applaudissements que Charlypop sort de scène.