logo journal nord-info
icon journal
featuredImage

Photo Claude Desjardins

Les finissants en interprétation de l’ETP du Collège Lionel-Groulx s’attaquent à un classique de Ionesco : Jeux de massacre.

GalleryImage1

Photo Claude Desjardins

Le metteur en scène Alain Zouvi, en compagnie des comédiennes Carolanne Bergeron et Juliette Bérubé-Brossard.

De l’émotion, du cœur… de la vie, quoi!

Publié le 26/11/2018

Ces mots ont été prononcés plus d’une fois, alors que le metteur en scène invité Alain Zouvi et sa troupe discouraient avec enthousiasme de Jeux de massacre, ce grand classique d’Eugène Ionesco qui sera défendu par les finissants de l’École de théâtre professionnel (ETP) du Collège Lionel-Groulx, du 15 au 19 décembre.

Et pourtant, la mort est omniprésente dans cette pièce où l’on passe continuellement de vie à trépas, alors qu’un mal étrange frappe soudainement les habitants d’une petite ville et que s’installe progressivement un climat d’angoisse, certes, mais surtout de méfiance, de celle qui donne envie d’ériger des murs entre les bons et les méchants, entre les riches et les pauvres… la gauche et la droite.

Le réalisme poétique

Écrite en 1970, Jeux de massacre est une tragédie qu’on a classée au rayon de l’absurde, comme tout ce qu’a écrit Ionesco, d’ailleurs, lui qui fut reconnu malgré lui comme le père de ce genre théâtral apparu dès le début des années 1950 en Europe. Vous ferez comme vous voudrez, mais on préfère parler ici de «réalisme poétique» , un terme qui semblait obtenir l’adhésion de tout un chacun, lors de la conférence de presse tenue dans les locaux de l’ETP.

«Avec tout ce qui se passe en 2018, le message est clair: vive les valeurs humaines! Tassons tout ce qui est noir, tout ce qui est l’extrême droite, tout ce qui est violent, tout ce qui est nazi» , répondait spontanément Alain Zouvi quand on lui demandait quelle était sa première lecture de Jeux de massacre, une pièce qui peut-être spectaculaire et drôle dans sa forme, mais qui n’est pas pour autant dénuée d’émotion.

Jouer «vrai»

«À partir du moment où, justement, on accepte la forme, toutes ces morts pourront nous apparaître tantôt touchantes ou drôles, tantôt bouleversantes, horribles ou tragiques. En ce sens, Ionesco voulait nous monter qu’il avait peur de la mort et qu’il adorait la vie» , reprend le metteur en scène qui a dirigé ses acteurs de manière à ce qu’ils soient toujours sincères, qu’ils travaillent avec ce qu’il appelle l’état premier. «L’absurde est dans le texte. On n’a pas besoin de le souligner. En fait, on peut aller jusqu’où on veut, du moment qu’on reste connecté et vrai. C’est une énorme boule d’émotion qu’on met sur la scène et qu’on veut vous envoyer» , ajoute-t-il.

On signalait par ailleurs que la pièce, qui sera interprétée par une quinzaine d’acteurs et d’actrices, compte quelque 115 personnages, une réalité qui aurait pu représenter une montagne pour un metteur en scène résolu à imposer sa propre vision. «Il m’importait surtout de savoir ce que les comédiens ressentaient par rapport à leurs personnages. On a fait beaucoup d’improvisation, aussi. J’ai reçu tout ça et, peu à peu, les choses ont évolué» , de dire Alain Zouvi, précisant du même souffle que les concepteurs et conceptrices ont aussi pris part à l’échange.

Décors, éclairages, costumes, environnement sonore

De ce côté, Julie-Pierre Gagner proposera un décor modulable qui permettra de souligner l’évolution du mal, alors que l’action sera concentrée dans une petite ville aux allures modernes, où le bois et le béton seront les matériaux privilégiés.

Un défi particulier se posait pour la conceptrice des costumes, Charlie-Ann Pitre, étant donné le nombre de personnages dont il fallait souligner la personnalité et l’évolution. «À la base, les personnages représentent les comédiens, tels qu’ils sont, c’est-à-dire de jeunes gens. Ils porteront des vêtements colorés et, au fur et à mesure que la pièce avancera, le noir et le blanc domineront» , résume-t-elle, une manière de suggérer l’avancement de la maladie et son effet déshumanisant.

Les éclairages de Yannick St-Jean s’annoncent divisés, fragmentés, contradictoires, bref, ils seront directement connectés à cette boule d’émotion dont on parlait plus haut. Même chose pour Lorianne Foisy qui a créé un environnement sonore qui se veut sombre, intemporel et s’appuyant sur des sonorités digitales, de manière à ce que le spectateur ne puisse reconnaître le moindre instrument et se laisse guider par ce qu’il ressent.

C’est au Théâtre Lionel-Groulx que sera présentée cette pièce, du 15 au 19 décembre. Les billets sont en vente au Cabaret BMO situé au 57, rue Turgeon à Sainte-Thérèse. Vous pouvez également profiter de l’achat en ligne, au [http://www.odyscene.com]. Information: 450 434-4006.