logo journal nord-info
icon journal
featuredImage

Charlem et Anubis, dieu-chacal, sculpture faite de fer forgé et de bois de mer. (Photo Claude Desjardins)

GalleryImage1

Charlem avec Le Minotaure, mixte sur toile. (Photo Claude Desjardins)

GalleryImage2

L’Annunaki, albâtre et bois. (Photo Claude Desjardins)

Dans les forges de Charlem: l’elfe et le Minotaure

Publié le 31/05/2017

On avait pris l’habitude, en se rendant aux expositions de Charlem Lepeintre, de se préparer à un voyage en quelque contrée parallèle, vers des mondes éthérés chargés de philosophie, des planètes lumineuses où flottent des ombres porteuses de spiritualité. Sur quel astéroïde l’artiste ferait-il donc atterrir ce Bestiaire fantastique qui nous le présente cette fois dans ses nouveaux habits de sculpteur?

«On est bien sur Terre!» s’exclame le principal intéressé, même si cet univers qu’il a créé de toutes pièces a ses ancrages dans l’imaginaire. Ce bestiaire dont il est question est alors peuplé de créatures mythologiques résolument engagées sur la voie de l’immortalité, des personnages qui sont issus d’un conte appelé Les Joyaux de l’éternité, actuellement en phase d’écriture.

 

Les chemins de la vertu

«C’est toujours la même histoire: comment ta lumière intérieure finira-t-elle par te faire passer de l’autre côté?» exprime l’artiste qui donne une piste en suggérant que c’est par la vertu (au sens moral et philosophique) qu’on peut espérer y parvenir.

«Chaque fois que tu poses un geste vertueux, il s’inscrit dans une continuité. Chaque fois que tu te butes à un obstacle, le chemin s’éclaircit, parce que tout s’éclaire sur le chemin de la vertu», résume-t-il. L’objectif, en fait, serait d’être irréprochable, un état qui suppléerait toutes les richesses. Quelqu’un d’irréprochable devient alors si fort qu’il est impossible de le combattre.

Charlem nous parle toujours avec ses pinceaux, dans un langage que l’on reconnaît au premier coup d’œil, mais qui se transforme peu à peu en intégrant une imagerie plus concrète. La vraie nouveauté, ce sont toutefois ces objets tridimensionnels, résolument assujettis à la loi de la gravité puisque le monsieur s’est découvert une nouvelle passion: le voici forgeron, lui qui se bat désormais avec la matière, à la sueur de son front, dans l’élaboration de pièces fabriquées avec du métal, du bois et de la pierre. «Ces créatures ne sont plus que des hallucinations, elles deviennent physiques», dit-il en prenant la pose avec L’Annunaki, Le Minotaure ou autre Touareg.

La force brute

Depuis le mois d’octobre, Charlem en a réalisé une quinzaine et il prend plaisir à évoquer l’engagement physique que ces sculptures commandent. «Quand je peins, je suis un elfe, quand je frappe le métal, je suis un Minotaure», exprime-t-il en énumérant les matériaux qu’il intègre au métal, parfois des pièces de bois flotté trouvées sur des plages et qu’il transporte jusqu’à l’épuisement. «Ça t’oblige à sortir tes tripes!» dit-il sur le ton de celui qui adore ce rapport nouveau, cet élément absolument terre-à-terre, cette force brute qui accompagne désormais l’acte créateur.

Pour l’instant, ces sculptures ont beau être lourdes, elles occupent cependant un espace modeste en comparaison des œuvres monumentales qu’il projette de créer et de suggérer aux institutions publiques. Et ça ne saurait tarder puisque l’artiste vient d’acquérir une maison qui comprend un atelier assez vaste pour donner libre cours à ses récentes velléités.

Vous avez peut-être raté ce bref rendez-vous annuel qu’il nous propose à la maison Hamilton, à Rosemère, mais Charlem demeure un artiste extrêmement actif qui tient ponctuellement des événements et qui, comme vous et moi, a compris que le Web et les réseaux sociaux demeurent une plateforme privilégiée. Vous n’avez qu’à inscrire son nom dans un moteur de recherche et vous serez automatiquement propulsé dans son univers.