Toutes de blanc vêtues, les Country Girls envahissent avec leur orchestre la petite scène qui avait pris pour l’occasion des allures de ranch ou d’étable. Avec leurs réparties savoureuses et leur penchant pour la bouteille, ces cow-girls dorées nous font bien vite oublier la grisaille et les gouttes qui tambourinent sur les parapluies. Avec un remarquable sens de l’autodérision et du ridicule, Sylvie and Sandra (qui prononcent leurs noms à l’anglaise pour se préparer à percer le marché américain) nous chantent leurs déboires et les aléas de la condition féminine.
Empruntant aux répertoires américain et québécois, les Country Girls traduisent librement les pièces anglophones en choisissant toujours un angle humoristique. On a qu’à penser à leur version de Touch Your Woman, de Dolly Parton, ou encore celle de la délicieusement ironique et coquine The Pill, de Loretta Lynn! Ainsi, à l’image des femmes du country qui racontent leurs vies en chanson, les Country Girls nous entretiennent de fidélité, de liberté, d’amitié et beaucoup d’amour à travers des pièces soigneusement choisies.
De T’envoler, de Paul Daraîche, à la festive Mon passage en Gaspésie, en passant par Un amour qui ne veut pas mourir, de Renée Martel, que l’on entonne aussi avec joie, ou encore par une superbe Crazy à l’amusante traduction simultanée, le duo nous entraîne dans le monde du country avec un humour habile. On s’émeut aussi parfois, avec la magnifique Mille après mille de Willie Lamothe ou les interprétations senties d’À ma mère, de Paul Daraîche, ou encore celle de À tes côtés.
Car la grande force des Country Girls, outre leur talent pour la comédie et aussi le chant, réside dans la qualité de l’interprétation des chansons, et également celle des liens entre les pièces. En effet, tout au long de ce spectacle placé sous le signe indéniable de l’humour, jamais on n’occulte la qualité d’exécution vocale ou musicale. Un spectacle drôle, certes, mais livré avec sérieux et respect du public. Et c’est en chantant de plus belle que les Girls nous renvoient «dans notre monde», nous gratifiant d’un «Salut Nashville!» retentissant.