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Cœur de pirate: magnétique et solaire

Avec Roses

Cœur de pirate: magnétique et solaire

Publié le 16/10/2015

Il y a de ces artistes qui ont le don, et la chance, de réunir autour de leur œuvre et de toucher un public des plus diversifiés. C’est le cas de celle qui se produisait le 14 octobre dernier au théâtre Lionel-Groulx, devant une salle comble d’adolescents et de jeunes adultes, d’enfants accompagnés de leurs parents ou de leurs grands-parents.

En effet, Béatrice Martin, alias Cœur de Pirate, réussit à combler par sa musique le fossé des générations, alors qu’elle enchante tout ce beau monde avec le spectacle issu de son plus récent opus, Roses.

La blonde chanteuse est toutefois précédée sur scène par l’auteur-compositeur-interprète Félix Dyotte, que la foule salue avec entousiasme. Lui-même à la guitare, il est accompagné par Carmel Scurti-Belley au clavier. Sa voix profonde et veloutée se marie à merveille avec celle, claire et éthérée, de sa complice, dans un folk tout en douceur aux textes poétiques et imagés, qu’il ponctue d’interventions drôlement sympathiques.

La foule réserve ensuite un accueil bruyant et chaleureux à la tête d’affiche de la soirée, bien avant que les lumières de la salle ne soient complètement éteintes. Dans la pénombre, de subtils jeux d’éclairage animent les toiles de fond, imitant l’eau pour appuyer la dramatique Ocean’s Brawl. On aperçoit alors Béatrice Martin au piano, déjà investie par la musique.

Vêtue d’une robe métallique, elle scintille comme un astre autour duquel gravitent les musiciens sobrement vêtus de noir. Sur scène avec elle, les  excellents Renaud Bastien (guitare), Julien Roy (batterie), Alexandre Gauthier (basse) et Amélie Mandeville (clavier).

C’est le très beau début d’un concert généreux, durant lequel Cœur de Pirate entraîne le public dans un tour d’horizon des trois albums à son actif, en mettant évidemment l’emphase sur le bilingue Roses, dont elle offre chacun des titres. L’atmosphère de l’album, oscillant entre pop dansante, majestueuses ballades au piano et rythmes entêtants, trouve son écho dans les élégants jeux de lumières et la gestuelle particulière de l’artiste. La mise en scène, signée par le danseur Nico Archambault et la chorégraphe Wynn Holmes, lie en effet tous ces éléments par le mouvement. On peut donc voir une Béatrice Martin délaissant le confort de son piano pour esquisser des pas de danse, arpenter le plateau dans des chorégraphies simples et esthétiques, apportant une autre dimension, une profondeur différente à l’ensemble.

Qu’elle y aille d’une Our Love plus sombre, d’une Drapeau blanc à l’émotion contenue, comme d’une Boulevard Saint-Laurent nostalgique, d’une Francis dépouillée, d’une Adieu lancinante,  ou encore d’une Pour un infidèle enjouée autant que d’une The Way back Home mélancolique et lumineuse pour ne nommer que celles-là, Béatrice Martin demeure intense et entière, d’une énergie inépuisable.

Elle offre également deux très jolies reprises, soient Dead Flowers et Hold on We’re Going Home, qu’elle emprunte respectivement aux Rolling Stones et à Drake, dans un segment solo et intimiste qui rappelle ses premiers concerts.

Dun bout à l’autre magnétique et solaire, Cœur de Pirate offre un concert d’une grande qualité musicale et visuelle, à la mise en scène impeccable et fluide, dont pas une fois on ne peut sentir les ficelles.