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Clémence Desrochers : le dernier rendez-vous

Clémence Desrochers foulera la scène du Théâtre Lionel-Groulx pour une dernière fois, le jeudi 13 avril. (Photo Martin Alarie, courtoisie)

Clémence Desrochers : le dernier rendez-vous

Publié le 29/03/2017

«Je veux que la salle soit pleine à craquer. Qu’on se fasse de beaux adieux. Qu’on se permette de pleurer si ça nous le dit. Et que les gens qui ne seront pas là le regrettent toute leur vie!», lance Clémence Desrochers, qui passera par le Théâtre Lionel-Groulx, le jeudi 13 avril, quelques jours avant de faire définitivement ses adieux à la scène, un endroit qu’elle chérit depuis toujours, mais qui commence à peser lourd, dit-elle, sur ses 83 ans.

Le ton est à la blague, mais l’artiste souhaite réellement cette ultime communion avec le public, lequel est convié à ce spectacle sans titre qui se veut un condensé de cette longue et riche carrière qu’elle laisse dans son sillage.

«Ce spectacle, il est fait de merveilles!, badine-t-elle au bout du fil. Ça fait 60 ans que j’écris et, même s’il y a énormément de gens qui me connaissent, il y en a beaucoup qui ne m’ont encore jamais vue en personne.»

Si vous vous reconnaissez, notez que ce sera la seule occasion de vous rattraper. «J’ai choisi parmi tous mes numéros ceux qui ne m’apparaissaient pas dépassés, que j’appelle humblement mes classiques», dit-elle, évoquant par exemple La jaquette en papier (séjour à l’hôpital), Le centre d’écueils (sur la vieillesse), des chansons comme Le doux vent d’été, des poèmes mis en musique, bref, une alternance de moments tendres et de pure folie, comme on est en droit de s’attendre de la part de celle qui a touché à tout dans cette longue carrière qui s’achève.

Une invitée spéciale

Pour livrer cette précieuse marchandise, Clémence Desrochers sera accompagnée de la pianiste Nadine Turbide, de l’altiste Jean René, de la contrebassiste Blanche Baillargeon et… de la chanteuse Marie-Michèle Desrosiers. «Elle apporte un éclat, une étincelle à ce spectacle. Elle chante tellement bien!, s’exclame l’artiste. Et en plus, ce que les gens ne savent pas, c’est qu’elle est très drôle.»

En fait, il s’agit pratiquement d’un spectacle en duo puisque la chanteuse s’y trouve du début à la fin, avec des moments qui lui appartiennent. Elle interprète Clémence, mais aussi son propre répertoire. «On a beaucoup de plaisir ensemble», ajoute Clémence.

Un rire de plus

Ce spectacle, il parle donc de la vie, qui est parfois drôle, parfois pas du tout. «Ça donne, sans prétention, un spectacle unique, inspiré de ce que je suis, des gens qui m’ont entourée, de ce que j’ai vu et vécu, de l’enfance que j’ai connue à l’ombre des usines. C’est un spectacle très personnel», souffle-t-elle.

Et tout ce qu’elle raconte, est-il besoin de le rappeler, vient de sa plume et de cette manière qu’elle a de proposer des monologues rimés et rythmés comme des chansons. «Je suis fille d’un poète (Alfred Desrochers) qui écrivait des alexandrins. Les chansons que j’aimais, quand je me suis mise à écrire (Brassens et Barbara, notamment) ont influencé mon écriture. Mes monologues sont un peu comme des fables et les rimes amènent souvent un rire de plus», suggère-t-elle.

Tant d’amour

Cette scène qu’elle s’apprête à quitter (elle l’a dit dans maintes entrevues), c’était l’endroit qu’elle aimait le plus au monde. «La scène, c’est un moment unique. Tu es seule en coulisses, tu entends les gens dans la salle qui sont venus juste pour toi. Ils ont payé pour te voir. Tu entres en scène et tu es applaudie. C’est beaucoup d’amour. Ensuite tu as la charge d’emmener ces gens-là avec toi, de les toucher, de les faire rire. Tu es avec eux, ils sont avec toi. Ça fait une unité très chargée d’émotion. C’est difficile de ne pas apprécier ça. En fait, il n’y a pas grand-chose dans la vie qui peut remplacer ça», exprime-t-elle.

Ceux qui ont besoin…

À l’aube de la retraite, que voudrait-elle qu’on retienne de l’artiste, de la femme, de l’œuvre? «Quand je ne serai plus là, on fera bien ce qu’on voudra de moi, philosophe-t-elle. Mais j’aimerais bien qu’on s’occupe des gens qui me tiennent à cœur»,  dit-elle en citant la cause des Impatients, de qui elle est la porte-parole depuis 20 ans. Qu’on supporte aussi les jeunes créateurs qui peinent à vivre de leur art (comme la céramiste Louise Bousquet, pour ne pas la nommer, qui reproduit les dessins de Clémence sur ses porcelaines).

Dans l’intervalle, il vous reste cette dernière chance de la voir sur scène, le 13 avril au TLG. Visitez le [www.odyscène.com] pour accéder à la billetterie.