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Avec Brousseau, Knapik et Chopin: le classique apprivoisé

Le pianiste et chef d’orchestre Michel Brousseau ainsi que la soprano Maria Knapik s’allient pour présenter Pieśni

Avec Brousseau, Knapik et Chopin: le classique apprivoisé

Publié le 24/11/2014

Avec un diffuseur tel Odyscène, la population des villes de la MRC de Thérèse de Blainville bénéficie d’une porte grande ouverte sur la culture et les arts de la scène sous toutes leurs formes et couleurs. Tous les publics y trouvent leur compte, même s’ils sont parfois marginaux.

Il s’agit d’une superbe mission dont Odyscène s’acquitte à merveille, permettant la rencontre de grands artistes et du public de la région. Dans cette optique, la salle Pierre Legault accueillait, le 16 novembre dernier, Michel Brousseau et Maria Knapik pour un après-midi de piano et de chant classique.

Le pianiste et chef d’orchestre Michel Brousseau et la soprano Maria Knapik partagent la scène depuis plusieurs années. Près de nous, ils se sont notamment produits à l’église Sainte-Thérèse d’Avila, en juin dernier, pour Ein deutsches Requiem de Brahms. Ils s’allient  cette fois pour présenter Pieśni, les mélodies pour voix et piano (opus 74) de Chopin, de même que quelques grands airs d’opéra en complément de programme.

Avant le début du concert, le piano et le tabouret, disposés sur le plateau devant un rideau de velours noir nimbé d’une lueur violette, dégagent l’impression d’une élégance sobre. Cette dernière s’avère alors que les artistes entrent en scène, elle vêtue d’une chatoyante robe de soirée, lui arborant un tuxedo. On plonge sans attendre dans l’émotion, dans le vif, avec  O moi babbino caro de Puccini. Nul besoin de période d’échauffement ou de départ en douceur pour ces deux interprètes aguerris, qui nous entraînent déjà sur les montagnes russes de la musique classique.

Les registres et les univers se suivent, mais ne se ressemblent pas, alors que Brousseau et Knapik visitent les Mélodies pour piano et voix de Chopin. Tantôt un piano cristallin et papillonnant accompagne une voix claire et enjouée, tantôt la voix se fait plus grave, accentuant la sonorité dramatique des accords plaqués. Avec des pièces mélancoliques et déchirantes, langoureuses et rêveuses ou encore aériennes et fluides, joyeuses et sautillantes, le duo transporte le public dans un tourbillon.

Grâce à la délicatesse des notes du piano de Brousseau , de même qu’à la voix aux nuances et à la maîtrise impressionnantes de  Knapik, sans parler de sa gestuelle dramatique et de ses expressions faciales, la barrière de langage, le polonais, est transcendée. C’est la musique qui raconte, qui génère l’émotion, plutôt que la compréhension du texte.

Dans un anglais teinté d’un fort accent polonais, Mme Knapik s’adresse beaucoup au public, ses propos simultanément traduits par Michel Brousseau. Ensemble, ils racontent l’histoire derrière les pièces, précisent le contexte de leur genèse, en présentent les compositeurs. La proximité du public accentue le caractère intime du lieu, apportant à ce concert classique une décontraction inattendue et bienvenue.

Michel Brousseau et Maria Knapik plaisantent entre eux, interagissent avec les spectateurs, échangeant parfois avec ceux-ci. Ces moments permettent de voir une tout autre facette des musiciens classiques, dont l’art peut parfois paraître élitiste ou prétentieux.

Mais des concerts comme celui-ci gagneraient à être vus par un plus large public, qui apprivoiserait ainsi le répertoire classique et réaliserait le souhait de Knapik et Brousseau, celui de voir s’épanouir l’auditoire de cette scène musicale.