logo journal nord-info
icon journal
Angèle Dubeau: un tourbillon de beauté et d’émotions

Avec La Pietà

Angèle Dubeau: un tourbillon de beauté et d’émotions

Publié le 03/04/2015

La musique occupe une place différente dans la vie de tout un chacun. Elle peut servir d’exutoire, de moyen de relaxer, de souligner un événement. Pour une musicienne comme Angèle Dubeau, il est tout naturel de se tourner vers son art pour exprimer ses émotions et chercher du réconfort dans les moments difficiles.

Ainsi l’album Blanc a-t-il vu le jour, retraçant ce qu’elle appelle son «parcours émotionnel» tout au long de sa bataille contre le cancer du sein. Avec La Pietà, Angèle Dubeau était donc de passage au Théâtre Lionel-Groulx pour livrer certaines pièces de cet album, son plus personnel à ce jour.

Celle qui associe couleurs et textures aux sonorités musicales a choisi Blanc pour intituler son dernier opus, s’inspirant de la pureté et de la sérénité qui émanent de la guérison.

Dans un décor sobre à l’éclairage élégant, l’orchestre tout féminin de La Pietà fait son entrée sous les applaudissements de la foule, avant de lancer le coup d’envoi du concert avec une note dramatique. Et c’est parti pour ce voyage de l’ombre vers la lumière.

D’abord lente, lancinante, la musique se mue en riches envolées qui emplissent l’espace, amorçant ainsi la première des six étapes qui formeront le parcours du spectacle. Celui-ci répond au besoin de la violoniste d’exprimer ses émotions par la musique, mais aussi à celui du public qui lui en avait formulé la demande.

C’est donc avec l’annonce du diagnostic que s’amorce le concert, les pièces BioShock de Gary Schyman et Giorni Dispari de Ludovico Einaudi révélant sans peine le choc et l’impuissance ressentis face à une telle nouvelle. Mais Angèle Dubeau apparaît comme une femme forte et sereine, irradiante d’énergie positive, et conséquemment, les pièces formant les blocs suivants se teintent bien vite d’espoir et de lumière.

Douceur et fragilité, notes cascadantes, vibrantes, et piano en sourdine apportent une mélancolie lumineuse aux morceaux d’Elena Kats-Chernin, Eleanor Farjeon et Cat Stevens, puis de Ludovico Einaudi qui traduit le leitmotiv de Dubeau durant la maladie: un jour à la fois.

Une pièce de Michael Nyman nous précipite dans les méandres du système de santé, qualifié de «kafkaïen» par la violoniste, À la folie se faisant effrénée, pleine d’une étourdissante urgence. C’est surtout avec Postcards from the sky de Marjan Mozetich, que l’on sent poindre l’espoir de la guérison, la mélodie contrastée évoquant un ciel sombre qui se découvre, ses nuages laissant enfin filtrer les rayons du soleil.

Puis, Angèle Dubeau raconte sa retraite dans le désert du Sahara, un endroit à la fois vide et plein, aux silences profonds et malléables comme autant de canevas, son sentiment de renouveau exprimé par les arabesques sonores rêveuses et pleines de tendresse de Mario (François Dompierre) et la fluidité veloutée du Desert and the Parched Land de Dave Brubeck, en passant par l’émouvante et délicate richesse de Rain (Joe Hisaichi).

Le concert s’achève sur deux pièces de Ludovico Einaudi, coup de cœur contemporain d’Angèle Dubeau, Life et Experience, qu’elle associe au regard neuf qu’elle porte vers l’avenir. Puissante, richement contrastée, étoffée, la musique d’Einaudi nous entraîne de monts en vallées, dans un intense tourbillon de beauté et d’émotions, à l’image de ce nouveau concert d’Angèle Dubeau et La Pietà.