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Un an plus tard, Caroline d’Astous n’a pas oublié Haïti

L’écrivain Dany Laferrière et la journaliste indépendante Caroline d’Astous, lors de leur passage à l’émission Studio M, diffusée en France.

Un an plus tard, Caroline d’Astous n’a pas oublié Haïti

Publié le 14/01/2011

Partie pour un séjour d’un mois, la journaliste indépendante Caroline d’Astous, qui collabore pour nos journaux, est revenue au Québec sans vraiment se douter, à ce moment, qu’Haïti allait faire dorénavant partie de sa vie. C’est qu’elle était en Haïti, il y a un an, lorsqu’un tremblement de terre a dévasté ce pays. Un an plus tard, alors qu’on commémore ce séisme partout à travers le monde, la journaliste n’a pas oublié Haïti. En fait, Haïti fait plus que jamais partie intégrante de sa vie puisqu’elle est à préparer une exposition de photographies et un documentaire portant sur la reconstruction du pays par l’entremise de trois familles vivant dans des camps de déplacés de Port-au-Prince.

L’idée de raconter en images la situation de ces gens, par l’entremise d’un documentaire qui aura pour titre Viv-Le mystère haïtien, lui est venu, au mois de juin dernier, lors d’un séjour d’une semaine en Haïti. Elle voulait alors avoir de nouvelles images en tête, après son départ précipité de Port-au-Prince.

Dans ce documentaire de 52 minutes, dont le tournage aura finalement lieu au mois de février prochain, au moment même du deuxième tour présidentiel, Caroline d’Astous plongera dans le quotidien de trois familles qui habitent dans trois camps de déplacés de la capitale haïtienne. «On fait le choix de parler des déplacés parce qu’ils font partie des défis de la reconstruction du pays. Il y a plus de 2 millions de personnes qui vivent dans ces camps, certains devenus institutionnalisés. Il ne faut pas les oublier. On va donc suivre ces familles du matin au soir, en mettant l’accent au niveau de l’éducation, au sens large du mot», explique la journaliste indépendante de 32 ans qui, au mois de novembre dernier, s’est rendue de nouveau en Haïti pour y effectuer du repérage.

Une des particularités de ce documentaire, c’est que de jeunes enfants de ces familles seront appelés à tourner, avec caméra en main, des scènes «à hauteur d’enfant». «Lorsque la caméra sera entre les mains d’enfants, elle s’arrêtera sur certains détails qui échappent aux adultes. Elle nous montrera les choses selon leur perspective», explique Caroline d’Astous au sujet de ce choix.

S’il n’a pas suscité l’intérêt souhaité ici même au Québec, ce projet de documentaire a cependant intéressé l’équipe de l’émission Studio M, un magazine télédiffusé en France permettant des rencontres et des échanges entre trois personnalités, célèbres ou anonymes, d’horizons divers. En plus de Caroline d’Astous, invitée à l’enregistrement d’une émission de ce magazine, le 7 janvier dernier, on retrouvait sur le même plateau l’écrivain Dany Laferrière et la chanteuse guadeloupéenne Stevy Mahy, connue pour son implication envers Haïti. L’émission en question sera diffusée ce samedi 15 janvier, et pourra, par après, être visionnée sur le Web, à l’adresse [www.pluzz.fr/studio-m.html].

Ce petit séjour à Paris aura aussi été l’occasion pour Caroline d’Astous de s’entendre avec la maison d’édition Desnel pour la publication d’un livre de photographies d’enfants vivant dans les camps de déplacés de Port-au-Prince. D’ailleurs, ces photographies feront l’objet d’une exposition que Caroline d’Astous souhaite présenter au printemps prochain, en même temps que son documentaire.

Plus que jamais, force est d’admettre que Caroline d’Astous n’aura pas le temps d’oublier Haïti.

«J’étais partie trop rapidement…»

Au départ, Caroline d’Astous avait planifié un séjour à Montrouis, un village haïtien situé à 60 km au nord-est de Port-au-Prince, pour aider bénévolement dans une école primaire. C’était son projet de vacances, après avoir voyagé au Pérou et en Afrique. Le 12 janvier 2010, elle se trouvait justement dans cette école lorsque le désastreux tremblement de terre est survenu. Même à Montrouis, elle a ressenti les secousses sismiques, prenant d’ailleurs l’initiative de faire évacuer le bâtiment dans lequel elle se trouvait de peur qu’il s’écroule.

Ce n’est que quelques heures plus tard qu’elle a véritablement pris conscience de ce qui s’était passé, en voyant sur Internet, les reportages télé sur le sinistre. Chanceuse, elle est hébergée dans la résidence d’un Américain, équipée d’une coupole, d’Internet sans fil et d’énergie solaire. C’est grâce à Internet que le quotidien Le Devoir et Radio-Canada, puis LCN, prendront contact avec elle pour qu’elle réalise des reportages et témoigne de ce qui se vivait. Dans les premiers jours, elle était, faut-il le souligner, la seule journaliste québécoise sur place!

Après avoir constaté le désastre dans les jours suivants, elle revient finalement au Québec à bord d’un avion militaire, et décide, dans un premier temps de partager son expérience, au mois de mars, lors d’une conférence devant la section Laurentides de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). La question lui est posée: «Va-t-elle retourner en Haïti?». «Oui», répond-elle.

Ce qu’elle fera finalement au mois de juin dernier. «J’étais partie trop rapidement, sans dire au revoir aux gens que je connais. Et j’avais encore ces images de corps empilés, d’édifices écroulés, de gens en désarroi, dans la tête. Ça m’a fait du bien d’y retourner et de constater que la vie avait repris sa place», raconte la journaliste née à Deux-Montagnes.

Ce séjour, bénéfique pour elle, sera aussi l’élément déclencheur du documentaire et de l’exposition de photos qu’elle est à préparer dans des camps de déplacés de Port-au-Prince.

 

Le blogue de Caroline d’Astous est accessible depuis le site Web de nos journaux: [www.leveil.com] ou [www.nordinfo.com].