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Terres de l’abbaye d’Oka: la décision du MAPAQ suscite toujours la déception

Le site de l’abbaye d’Oka comprend

Terres de l’abbaye d’Oka: la décision du MAPAQ suscite toujours la déception

Publié le 20/01/2015

Un mois après que celle-ci ait été dévoilée, la décision du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) de ne plus acheter les terres de l’abbaye d’Oka suscite toujours une vive déception dans le milieu, notamment de la part du maire d’Oka, Pascal Quevillon, et de l’ex-députée de Mirabel, Denise Beaudoin, et du père abbé André Barbeau.

Annoncée au mois de décembre dernier, la décision signifie donc que le MAPAQ revient sur ses intentions initiales, confirmées par décret ministériel en avril 2014. Le montant de la transaction, de l’ordre de 2 M$, aurait permis à la Corporation de l’abbaye d’Oka de rembourser des taxes municipales impayées de 400 000 $ à la Municipalité d’Oka, d’alléger une partie de la dette que celle-ci a contractée pour l’achat du domaine et de bénéficier d’un fonds de roulement de 500 000 $.

«C’est sûr que je suis déçu. On s’attendait plutôt à ce que l’on finalise ce dossier. Le chèque est chez le notaire. Il ne restait plus qu’à l’encaisser. Là, on revient à la case départ», a commenté le maire Pascal Quevillon, ajoutant n’être pas très chaud à l’idée de vendre ces terres au privé, même à des fins agricoles. «On ne connaît pas l’avenir. Qui sait ce qui pourrait advenir de ces terres dans 10 ans», d’expliquer M. Quevillon.

Ce dernier a indiqué à L’ÉVEIL que son souhait est maintenant de voir la Corporation de l’abbaye d’Oka conserver ces terres et qu’il travaillera en ce sens. «Si les terres sont vendues, le bâtiment de l’abbaye n’a plus de valeur», a-t-il dit.

L’ex-députée Denise Beaudoin, qui a pris le dossier en main après avoir été approchée en ce sens, est également déçue de cette volte-face, même si celle-ci survient dans un contexte de compressions budgétaires. «Tous les représentants du milieu que j’ai réunis à l’époque étaient tous d’accord sur cette option. Les terres de l’abbaye sont un fleuron qui appartient non seulement aux résidants de la région, mais à l’ensemble des Québécois. En conservant ces terres, on assure leur pérennité, on évite toute spéculation et on contribue à la souveraineté alimentaire. À mes yeux, c’est un investissement», a commenté Mme Beaudoin.

Celle-ci a dit espérer qu’il y aura un mouvement de mobilisation pour que le MAPAQ et le gouvernement reviennent sur cette décision. Déjà, a-t-elle dit, le père abbé André Barbeau a interpellé le premier ministre Philippe Couillard dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien Le Devoir et il n’est pas exclu que l’association des Cents Amis de l’Abbaye d’Oka, que Mme Beaudoin a créée au début de l’année 2014, et qui compte notamment dans ses rangs Hubert Reeves, Gilles Vigneault, Sœur Angèle, Jean-Paul L’Allier et Mario Pelchat, lance également à son tour un cri du cœur.

Les anciens pères trappistes, installés à Saint-Jean-de-Matha depuis février 2009, sont aussi déçus et l’ont fait savoir par l’entremise du père abbé André Barbeau, dans une lettre ouverte envoyée au premier ministre Couillard, lui demandant d’intervenir.

«Après tout le travail accompli, non seulement par les diverses instances politiques, mais aussi par les hauts fonctionnaires et d’innombrables amis qui croient en la relance de l’Abbaye, le décret du gouvernement du Québec est un repère historique: il préserve un vaste domaine agrotouristique de valeur patrimoniale et il protège son ancrage dans des réalisations passées, actuelles et futures au plan proprement économique […] J’ai tenu à m’adresser personnellement et publiquement à vous, cher premier ministre, parce que je sais que, même en me réfugiant derrière le silence des moines, je ne pourrais pas parvenir à faire taire tout ce qui parle plus fort que moi et qui monte des terres et des lieux de l’abbaye d’Oka», a écrit le père trappiste.