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Santé: un sous-financement qui provoque des déficits de services majeurs

Le directeur général du CSSS du Lac des Deux-Montagnes et de l’Hôpital de Saint-Eustache

Santé: un sous-financement qui provoque des déficits de services majeurs

Publié le 08/08/2014


Des déficits majeurs des services de santé sont constatés dans le sud des Laurentides. Deux fois moins de dollars sont consacrés à la région par rapport à la moyenne québécoise. Les services dispensés sont fréquentés par seulement 40 % de notre population alors que les autres vont se faire soigner ailleurs parce que les ressources sont insuffisantes. Et il faudra rapatrier cette clientèle…

Voilà quelques prémisses d’un document présenté par le président du conseil d’administration Antonio Lavigne et le directeur général du CSSS du Lac des Deux-Montagnes Roch Martel, aux candidats lors de la campagne électorale provinciale du printemps dernier, afin de démontrer les enjeux majeurs en matière de santé pour la région qui doit desservir un bassin de 275 000 personnes. Il faut noter que dans ce document les besoins du CSSS Thérèse-De Blainville sont également pris en compte.

En entrevue avec L’Éveil, Roch Martel a bon espoir que le premier ministre Couillard, docteur et ancien ministre de la Santé ainsi que le ministre de la Santé actuel, docteur Gaétan Barrette, seront sensibles aux demandes et aux besoins de la région.«C’est sûr, dit-il, que pour l’année qui vient, on ne nagera pas dans l’abondance. Des coupures doivent être rapidement faites chez les employés-cadres et non dans les services. De plus, nous venons de faire un redressement budgétaire de l’ordre de 12 M$ dans les 18 derniers mois.»

La région du sud des Laurentides est le territoire où l’écart du financement en santé est le plus important par rapport au reste du Québec. Un écart qui ne cesse de se creuser, et ce, malgré un investissement additionnel de 28,7 % entre 2008-2012. Les besoins sont toujours grandissants. Par personne, la région reçoit un montant de 958 $ alors que la moyenne est de 1982 $ pour le Québec.

«La forte croissance démographique dans la région a été mal mesurée par rapport à la santé. Nous avons une proportion plus importante de personnes vieillissantes par rapport au reste du Québec. Ces personnes ont plus d’impact sur les besoins de services», explique M. Martel.

En plus d’un manque de 50 lits hospitaliers, le déficit est important pour les services aux personnes âgées, tels que les soins à domicile, les places en hébergement, la gériatrie ambulatoire, les services de première ligne et les services en santé mentale.

«On se retrouve avec une moyenne entre 30 et 40 personnes en fin de vie dans les lits de notre hôpital alors qu’ils devraient être dans des ressources de soins spécialisés qu’on ne peut offrir faute de places.»

Le sous-financement peut également s’expliquer pour des raisons historiques, avec les services spécialisés disponibles à proximité. «Nous sommes le plus dépendant des grands centres par rapport aux régions périphériques alors que nous avons 40 % de notre population qui va se faire soigner à Montréal et Laval.»

Avec la venue des nouveaux CHUM et CSUM qui vont se concentrer sur leur mission universitaire et les soins ultra spécialisés, leur nombre de lits d’hospitalisation sera diminué. «Nous allons vivre la pression de rapatrier notre clientèle chez nous, et pour ce faire, nous avons besoin de plateaux techniques, du personnel et de l’argent», indique le directeur général.

De son côté, le président Antonio Lavigne amène une idée de solution potentielle. «Les gouvernements, peu importe le parti, sont conscients de la situation et nous disent que notre situation va s’arranger. On va avoir pris tellement de retard par rapport aux autres régions. Ça sera très difficile. Il faut peut-être penser à un financement par capitation pour services rendus plutôt qu’à l’acte.» Cette méthode de rétribution pour les médecins existe en Ontario et en Europe. On parle d’une prise en charge d’une population où les médecins sont motivés à essayer de garder les patients en santé et à éviter des visites à l’hôpital. Mais, il faudrait réussir à convaincre les médecins.

Tout le monde en parle! Les besoins sont aussi criants pour un médecin de famille. S’il y avait dans notre région 3 800 patients en attente en 2012-2013, ce nombre est maintenant passé à presque 7 000.

«Un médecin de famille, c’est notre médecine de première ligne. Ça évite qu’il y ait trop de monde à l’urgence. Notre première ligne a besoin d’être consolidée. Quand les gens sont vus au bon moment et qu’ils sont capables d’avoir des réponses, notamment ceux qui ont des maladies chroniques, cardiaques ou le diabète, nous sommes capables de nous en occuper», de dire Roch Martel, qui voit une portion de solution avec le nouveau projet d’unité de médecine familiale (voir autre texte).