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Parce que la violence conjugale existe encore

Maryse Lachaine et Julie Marquis unissent leurs forces pour soutenir les femmes ayant besoin de soutien pour reprendre leur vie en main.

Parce que la violence conjugale existe encore

Publié le 08/11/2023

Sur les 108 femmes victimes de violence conjugale ayant séjourné au centre d’hébergement Le Mitan en 2022-2023, 31 d’entre elles ont finalement décidé de porter plainte contre leur agresseur. Un gain important pour l’organisme où les intervenantes se dévouent pour les accompagner dans leur démarche de reprise en main.

C’est ce genre de progrès qui motive Julie Marquis à s’impliquer année après année dans l’annuelle levée de fonds de la Fondation Un toit pour tous de Royal LePage où elle travaille comme agente immobilier. 

Cette année, l’événement caritatif a amassé 11 000 $, une cagnotte qui sera distribuée dans cinq centres d’hébergement pour femmes : La Citad’Elle de Lachute, La Maison l’Esther de Laval, La Maison d’Ariane de Saint-Jérôme et La Maison l’Ombre-Elle de Sainte-Agathe. 

Cette fondation tient particulièrement à cœur à Julie Marquis. L’histoire des femmes victimes de violence lui rappelle un pan de son adolescence alors qu’elle a vécu un épisode d’emprise psychologique.

Sous emprise

Elle avait à peine 14 ans quand son premier amoureux s’est montré particulièrement manipulateur à son endroit, n’hésitant pas à faire le vide autour d’elle en montant la tête de toute personne de son entourage afin de mieux la garder sous son joug. 

Les gestes de contrôle étaient pourtant clairs : interdiction de sortir sans lui, pas question de l’accompagner lorsqu’il sortait, pas question de porter un leggins, vêtement trop sexy au goût du jeune homme, et rendez-vous chez lui tous les samedis matin, sans exception et ainsi de suite. 

« Je savais ce qui se passait, que ce qu’il me faisait vivre n’était pas normal, mais j’avais peur de lui », se souvient-elle. 

Elle se rappelle encore la trahison et les coups bas de ses amies, qui ont préféré écouter la version de son abuseur plutôt que de se ranger à ses côtés. Témoins de l’emprise qu’elle subissait, ses parents ont bien essayé de l’aide, mais elle les repoussait.

Même après leur rupture, son abuseur la suivait. Un jour qu’il l’avait suivie dans un autobus, elle a demandé l’aide des passagers, sans que personne n’intervienne.

« Je n’en parle jamais. Je n’en ai même jamais reparlé avec mes parents », confie les larmes aux yeux la jeune femme aujourd’hui mariée et mère d’une fillette de 8 ans. Et heureuse, très heureuse. 

Sensibilisation encore nécessaire

Mais si Julie est parvenue à faire arrêter son abuseur, ce n’est pas le cas de toutes. Voilà pourquoi Maryse Lachaine et son équipe d’intervenantes poursuivent leurs efforts de sensibilisation.

Au cours des dernières années, celles-ci ont multiplié les visites dans les écoles secondaires, de façon à ce que les adolescentes subissant de la violence se reconnaissent et sortent de leur relation toxique. 

« Lorsqu’on va dans les écoles, on parle à tous : garçons et filles. Il faut aussi sensibiliser les garçons, car ils ne se reconnaissent pas dans les comportements violents. Pour eux, ce sont des comportements normaux », explique Mme Lachaine. 

Puis, il faut défaire les stéréotypes tenaces, notamment celui de la jalousie, faussement reconnue comme preuve d’amour, soutient-elle. 

On en parle plus

Les témoignages comme ceux d’Ingrid St-Pierre et les séries comme Le Monstre et À cœur battant ont l’effet d’un miroir sur la violence, constate Mme Lachaine. « Les femmes se reconnaissent », dit-elle. 

Certains progrès l’encouragent, comme de voir des policiers mieux formés pour intervenir auprès de ces femmes violentées et les référer vers des ressources adéquates. 

Mais l’actuelle crise du logement refreine bon nombre de femmes qui envisagent de quitter leur foyer, aussi Le Mitan accepte de les héberger sur une plus longue période qu’habituellement. 

Bref, il reste du travail à faire.