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L’hôpital Saint-Eustache: «Un vrai nid à bactéries», soutient un travailleur de la santé

L’hôpital Saint-Eustache.

L’hôpital Saint-Eustache: «Un vrai nid à bactéries», soutient un travailleur de la santé

Publié le 22/04/2020

Un employé de l’hôpital Saint-Eustache souhaite dénoncer les conditions dans lesquelles ses collègues et lui sont forcés de travailler en marge de cette crise de la COVID-19. Et il n’est pas seul. Un sondage réalisé à l’interne révèle que la majorité des travailleurs consultés sont de son avis.

«À mon épicerie du coin, les mesures d’hygiène sont exemplaires. Portes, poignées, frigidaires, tout est nickel. À l’hôpital, je n’ose même pas toucher à rien tellement la désinfection des surfaces est absente. Un vrai nid à bactéries et virus! Je pense que la poignée de porte de notre département n’a jamais été nettoyée en cinq ans», soutient ce travailleur qui a demandé à demeurer anonyme de peur de perdre son emploi. Il dit craindre pour sa sécurité.

«Le manque de matériel est flagrant. Les bouteilles de désinfectant à main sont récupérées puis remplies par un mélange maison de la pharmacie, puis distribuées au compte goutte. Nous n’en avons presque jamais sur les départements et aux postes et les bouteilles ne sont pas souvent remplacées donc il arrive souvent que l’on doive se contaminer en quittant la chambre du patient pour en trouver», ajoute le travailleur qui demeurer indigné devant certaines situations, à l’unité des naissances, notamment.

«Quand une mère vient accoucher à l’hôpital, qu’elle s’accote sur une rampe, utilise les boutons de l’ascenseur que l’on partage, marche sur nos pas qui ont trimbalés dans toutes les zones contaminées de l’hôpital puis ouvre les portes de chambres et unités, je grince des dents juste à l’idée que tout cela puisse entrer en contact avec ce petit être à naitre».

Sondage révélateur

Alors que les employés de la santé de la région ont appris de leur employeur, le CISSS des Laurentides, qu’en raison de la pandémie leur présence était requise au travail «au-delà des disponibilités initiales qu’ils avaient données», un sondage réalisé à l’interne et auquel ont répondu pas moins de 113 employés, de l’urgence et autres membres de la première ligne, révèle notamment que 89% d’entre eux ne pensent pas que tout soit fait pour assurer leur sécurité.

À la question : «vous sentez-vous brimé dans vos droits et libertés sachant que l’employeur a commencé à utiliser l’arrêté ministériel, forçant l’augmentation des disponibilités de plusieurs employés?», 96% ont répondu par l’affirmative. Près de 70 % des travailleurs sondés ont par ailleurs répondu avoir l’intention de contester l’augmentation de leurs disponibilités contre leur gré.

Selon le travailleur anonyme que nous avons consulté, «l’arrêté ministériel est appliqué à toute l’équipe maintenant.»

«Tout le monde, dit-il, est d’emblée cédulé temps complet obligatoire, même les mères monoparentales, même les gens dont la santé mentale est fragile qui travaillaient à temps partiel pour ne pas craquer sous la pression. Tout le monde. Comble du ridicule, ils se ramassent avec beaucoup trop d’employés sur le plancher. Résultat? Ils cancellent du monde et les retournent chez eux par la suite. Belle gestion ! On va se le dire!»

L’employé ajoute que l’hôpital roule pourtant bien en deça de sa pleine capacité actuellement.

«Mon médecin des soins intensifs ne prévoyait pas de manque de lits pour les patients COVID et croit qu’on évitera le pire dans les Laurentides», a-t-il conclu.

Fluctuation des stocks disponibles, dit le CISSS

Mis au fait des résultats du sondage interne réalisé auprès de 113 employés de l’urgence et autres membres du personnel de première ligne de l’Hôpital Saint-Eustache, le CISSS des Laurentides a bien voulu fournir des explications.

«L’enjeu de l’approvisionnement en période de pandémie amène une fluctuation dans les stocks disponibles. Ainsi, les formats, les contenants et les produits peuvent différer de ceux habituellement utilisés. Le CISSS des Laurentides agit avec vigilance pour s’assurer que les formats et produits de substitution répondent aux standards», a indiqué Mélanie Laroche, agente d’information au CISSS des Laurentides, dans sa réponse acheminée au journal.

Quant à l’hygiène et la salubrité à l’Hôpital de Saint-Eustache, le CISSS des Laurentides tient à souligner que le travail est effectué par des professionnels formés.

«Comme partout ailleurs dans les installations du CISSS des Laurentides, le personnel œuvrant en hygiène et salubrité est consciencieux et fait preuve d’une grande vigilance», soutient Mme Laroche avant d’ajouter que depuis le début de la pandémie, de la main-d’œuvre a été ajoutée en surplus, notamment à l’urgence de l’Hôpital de Saint-Eustache, afin de procéder à un nettoyage encore plus fréquent des surfaces à haut potentiel de contamination, dont les poignées de porte, les boutons d’ascenseurs et les surfaces horizontales.

Le CISSS des Laurentides a d’ailleurs tenu à remercier son personnel pour la qualité de leur travail, conscient que le travail du personnel assurant l’approvisionnement et effectuant les tâches d’hygiène et de salubrité est essentiel en tout temps et plus particulièrement en cette période de pandémie.

Gel désinfectant

Grâce à l’initiative de son département clinique de pharmacie, le CISSS des Laurentides produit effectivement son gel antiseptique, conforme aux normes de l’Organisation mondiale de la Santé et à l’Ordre des pharmaciens du Québec, et ce, afin de soutenir le besoin d’approvisionnement de ses hôpitaux, centres d’hébergement, CLSC et autres installations.

«Devant la difficulté de se procurer des contenants auprès des fournisseurs, nous dit Mélanie Laroche, le CISSS récupère ces derniers en s’assurant de leur désinfection adéquate et procède à leur remplissage à partir de recharges ou de contenants plus gros».

Des visières sont par ailleurs fabriquées par le personnel du service des aides techniques du centre de réadaptation en déficience physique du CISSS.