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Les villes paient cher pour la fermeture du marché asiatique

Photo Christian Asselin

Les villes de la région ont reçu une facture «exceptionnelle» pour leurs matières recyclables.

Les villes paient cher pour la fermeture du marché asiatique

Publié le 27/12/2019

En raison de la fermeture de certains marchés asiatiques, Tricentris, selon le contrat qu’elle a signé avec ses quelque 200 villes membres, doit facturer ces dernières au tonnage réel pour les matières recyclables. L’organisme travaille actuellement à des solutions à long terme et espère régulariser la situation, mais, en attendant, la facture est refilée aux villes.

Pour les villes des Basses-Laurentides, la contribution exceptionnelle totale, qu’elles n’ont d’autre choix que de verser à Tricentris, s’élève à plus d’un million de dollars. Sainte-Thérèse (160 000 $), Blainville (350 000 $) et Saint-Eustache (236 000 $) sont les plus touchées.

«En 2019, nous explique-t-on à la Ville de Sainte-Thérèse, en plus de notre quote-part annuelle, nous avons versé une contribution exceptionnelle de 160 041,33 $. Cette contribution unique était prévue à notre entente avec le centre de tri et lui permet de faire face à des défis comme celui de trouver preneur pour leur fibre à un prix concurrentiel.»

En raison de l’étendue de sa population, Blainville se retrouve avec une facture à payer de 350 000 $, un mal nécessaire, nous dit-on.

«Tricentris continue à très bien faire son travail et les matières recyclables sont vendues dans d’autres marchés. Aucune matière recyclable n’est envoyée à l’enfouissement! Les gens peuvent continuer à recycler en toute confiance» , insiste Yannick Proulx, de la Ville de Blainville, avant d’ajouter que Tricentris est souvent cité en exemple par les autorités environnementales qui travaillent d’ailleurs activement à la recherche de solutions. À Saint-Eustache, on espère que ces recherches porteront leurs fruits.

«Bien entendu, cette situation nous préoccupe, de dire Stéphanie Bouchard, de la Ville de Saint-Eustache. Nous savons que le ministère de l’Environnement du Québec travaille sur un plan d’amélioration de la gestion des matières résiduelles et nous attendons de connaître les détails de ce plan pour orienter nos décisions. Nous espérons que ce plan nous aidera à faire face à la situation.»

Avec sérénité

Organisme à but non lucratif issu du regroupement, à la fin des années 1990, de 44 municipalités ayant décidé de prendre en main la gestion de leurs matières résiduelles, Tricentris dessert aujourd’hui pas moins de 204 municipalités au Québec.

Plus important centre de tri au Québec, on y reçoit, trie et met en marché, et ce, chaque année, quelque 200 000 tonnes métriques de matières recyclables recueillies auprès de 1,7 million de citoyens des Laurentides, de l’Outaouais, de la Montérégie, de Lanaudière et de l’Abitibi-Témiscamingue. Le contenu du bac bleu d’un foyer québécois sur quatre est donc acheminé et traité par Tricentris.

Questionnés à savoir si cette obligation de payer des milliers de dollars en surplus les exaspérait, les représentants des villes ont répondu avec sérénité, conscients que la situation demeure avantageuse pour ces dernières. Il faut dire que Tricentris est issu d’une volonté municipale et que l’organisme, nous dit-on, «ne cesse de démontrer son sens de l’innovation et sa performance» .

«Nous sommes heureux de faire équipe avec eux, a mentionné Mélissa Collins, de la Ville de Sainte-Thérèse. Et bien que nous lui versions cette compensation, les coûts demeurent avantageux pour Sainte-Thérèse en ce qui concerne le traitement des matières recyclables en comparaison avec des municipalités qui travaillent avec d’autres centres de tri.»

«On ne crie pas hourra! On paie plus» , de rétorquer Yannick Proulx, de la Ville de Blainville, confirmant du même souffle que le fait de payer au tonnage réel est une mesure prévue à l’entente avec Tricentris en cas de crise ou de situations temporaires.

«Oui, c’est une situation plus difficile pour les villes, mais nous faisons encore confiance à l’organisme et on veut que les gens continuent à recycler» , a conclu Yannick Proulx.

Nous avons tenté de joindre Tricentris pour recueillir leurs commentaires, mais, au moment de mettre sous presse, on n’avait toujours pas répondu à notre demande d’entrevue.