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Les restaurateurs toujours en attente de clients

Après plusieurs confinements les ayant forcés à garder leur salle à manger fermée, bon nombre de restaurateurs n’ont pas retrouvé une clientèle aussi nombreuse.

Les restaurateurs toujours en attente de clients

Publié le 14/02/2024

Alors que la crise pandémique semble définitivement conjuguée au passé, force est de constater qu’elle impacte encore la vie des commerçants avec la montée de l’inflation et le remboursement du prêt fédéral, au moment où les restaurateurs aimeraient bien voir la clientèle revenir s’asseoir à leurs tables.

Bilan nuancé

Dans son document Indicateurs de l’industrie de janvier 2024, l’Association Restauration Québec présente un portrait détaillé de la situation de chacune des régions du Québec.

On y rapporte notamment que la région des Laurentides a perdu 267 établissements, passant de 1608 à 1341, entre février 2020 et juillet 2023.

Pour cette même période, la moyenne de fermeture de restaurants pour l’ensemble du Québec est établie à 18,1 %. La région des Laurentides a subi une perte de 16,6 % de ses restaurants, se plaçant ainsi au 9e rang sur les 17 régions de tout le Québec, celle de l’Estrie détenant le premier rang avec 29,7 % de restaurants en moins sur son territoire.

Pour ce qui est du personnel, il faut savoir que la région des Laurentides affichait 14 080 postes vacants durant l’automne 2023, soit une perte de 21 % en un an, du troisième trimestre de 2022 au troisième trimestre de 2023. En comparaison, la métropole affiche une perte de sa main-d’œuvre de 33,8%. 

Fermetures

Lorsque l’on se compare, on se console, dit-on. N’empêche que l’inquiétude touche bon nombre de restaurateurs des villes de la MRC Thérèse-De Blainville. 

Déjà au cours de 2023, quelques établissements ont annoncé leur fermeture. Le Fogo vient de fermer mais présage de rouvrir à l’été.  Brasserie T!, qui venait tout juste d’ouvrir une succursale à Sainte-Thérèse, a décidé de fermer ses portes deux mois plus tard, en même temps que sa grande sœur de Montréal. 

La question se pose aussi pour le Scores de Sainte-Thérèse, qui affiche Fermé temporairement sur son site web. Il serait question de rénovations. L’appel du Journal n’a obtenu aucune réponse de la part du commerçant.

Dure réalité

Le remboursement du prêt fédéral a causé bien des maux de tête aux commerçants restaurateurs, bon nombre d’entre eux ayant dû contracter un nouveau prêt bancaire pour honorer leur dette. Lourd poids sur les épaules des restaurateurs, en cette période où le taux d’intérêt est exorbitant. 

Élias Dib, le propriétaire du restaurant de fine cuisine libanaise Arousse Sainte-Thérèse, qui a pignon sur rue Blainville Ouest, vit lui aussi la dure réalité commune aux restaurateurs.

Alors qu’il avait l’habitude d’un chiffre d’affaires annuel d’un million $, il s’est soudainement retrouvé avec un revenu annuel réduit de moitié à partir de 2020. Cette dégringolade s’est maintenant en 2021, 2022 et 2023. 

Son restaurant embauchait auparavant 16 employés, le voilà maintenant restreint à six travailleurs en l’incluant, faute d’une masse salariale suffisante pour en recruter davantage. 

De peine et de misère

Il devait rembourser son 40 000 $ en date du 18 janvier, en plus d’assurer divers paiements d’entreprises quelques jours avant et après la date butoir. 

M. Dib exprime sans détour son mécontentement. « Pour rembourser ce prêt de 40 000 $, il fallait un profit de 60 000 $ net alors que moi, je ne fais qu’un petit chiffre d’affaires. Je ne sais pas comment le gouvernement pense qu’on peut payer tout cela ? Il devrait plutôt se comporter en bon père de famille », dit le restaurateur qui est commerçant à Sainte-Thérèse depuis près de 20 ans. 

Après une démarche complexe, il est parvenu à faire repousser le remboursement de son prêt fédéral de quelques semaines.

Malgré tout, il n’entend pas mettre la clé dans la porte. Oh, il y a songé.  « Ce n’est pas comme si j’avais 30 ans et que je pouvais recommencer demain matin, confie-t-il. Donc, je travaille plus fort et je ne me prends que le minimum pour vivre », souligne le restaurateur de 61 ans.

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