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Les profs de cégep sont «à boutte»

Judith Trudeau, présidente du Syndicat des enseignants et enseignantes du Collège Lionel-Groulx. (Photo Nicolas T. Parent)

Les profs de cégep sont «à boutte»

Publié le 19/11/2020

Les enseignants du Collège Lionel-Groulx ont manifesté, vendredi, devant le bureau du ministre Eric Girard à Sainte-Thérèse. Leur message est clair : ils sont à bout de souffle et souhaitent voir leurs tâches allégées.

«On est ici aujourd’hui pour vous dire combien nous les profs, on est à boutte M. Girard. On est ici pour vous dire que les profs sont fatigués et épuisés!», a d’abord lancé Judith Trudeau du Syndicat des enseignants et enseignantes du Collège Lionel-Groulx (SEECLG). Elle appuie cette affirmation sur une lettre signée par plus de 2 400 enseignants collégiaux et adressée au premier ministre François Legault, la semaine dernière.

«Ce qu’on réclame, c’est fou! C’est 20% de réduction de tâche», d’ajouter Mme Trudeau laissant entendre que depuis la mi-mars les enseignants du Collège Lionel-Groulx, tout comme leurs confrères et consoeurs de partout ailleurs au Québec, donnent de leur temps pour s’adapter à la nouvelle réalité causée par la pandémie.

«Pas moins de 22% des professeurs du collégial sont en détresse, insiste la vice-présidente du SEECLG. Cela a évidemment des répercussions sur la qualité des cours et la qualité de l’encadrement. On parle des étudiants qui sont en détresse, mais il faut voir que cette détresse est partagée. Nous les professeurs demandons un allègement en temps. C’est de cela que nous avons le plus besoin.»

Témoignages éloquents

Au son des klaxons qui résonnaient en signe d’appui à leurs revendications, des enseignants ont pris le micro, lors de cette manifestation, pour témoigner de leur détresse. Ce fut le cas de Nicolas Gérodie, enseignant en technique de génie électrique.

«Je voulais témoigner pour vous dire à quel point la surcharge est particulièrement pénible pour la tâche enseignante. À titre d’exemple, vu les circonstances j’ai dû remplacer l’examen sur table que je donnais en classe par davantage de travaux personnels, sept en tout. Je me suis tiré dans le pied!»

Pour Nicolas Gérodie, et de nombreux autres profs, la correction est l’un des facteurs qui le place en situation de surcharge. Au lieu de prendre une copie papier et de la corriger au stylo, il doit plutôt, dit-il, télécharger le fichier, le convertir, insérer ses corrections au clavier, maîtriser de nouveaux appareils et logiciels, etc.

«C’est beaucoup de travail qu’habituellement on ne fait pas. Ça pèse lourd! Si j’étais dégagé de 20%, ça me permettrait de compenser tout ce temps d’administration, de gestion et de communication qui me coûte très cher pour me consacrer aux choses essentielles.»

Geneviève Hamel, enseignante de français, a abondé dans le même sens.

«Je me sens surchargée depuis le 16 mars. En classe, on sait tout de suite lorsqu’un étudiant ne comprend pas. Sur Zoom, on ne voit que des carrés, avec de petits visages. Je dois lancer des questions à la ronde. Un tel, as-tu compris? Peux-tu ouvrir ton micro? Une telle a-tu un exemple? Peux-tu ouvrir ton micro? On perd du temps!»

Et ce, est sans compter les nombreux courriels que doivent dorénavant envoyer les enseignants pour organiser leur semaine avec leurs étudiants, pour répondre à leurs questions, pour assurer des suivis.

À la suite de cette manifestation qui s’est poursuivie une bonne partie de la journée, Eric Girard a promis une rencontre avec le SEECLG. La date reste à confirmer.