logo journal nord-info
icon journal
Le merle, la corneille et le moineau

Le merle, la corneille et le moineau

Publié le 18/05/2012

Le nid d’un merle d’Amérique pillé par une corneille, l’émoi et la désertion du merle ainsi que l’arrivée opportune d’un moineau domestique, voilà les grands moments de la petite histoire vécue récemment par ce trio singulier. 

Vers la troisième semaine d’avril, un couple de merles d’Amérique s’active, sous mon regard, à construire un nid dans un arbre. Par la fenêtre de mon bureau, au premier étage de la maison, je vois le nid prendre forme, brindille par brindille, touffe d’herbe par touffe d’herbe.

Après quelques jours de dur labeur, le nid est prêt. Madame merle le recouvre de toutes ses plumes, ne l’abandonnant que très rarement pour aller se ravitailler. Un bon matin, trois œufs bleuâtres trônent au centre du nid. Pendant une douzaine de jours, la femelle couve de manière attentionnée les futurs rejetons.

Puis, un premier œuf se lézarde et une petite boule de vie surgit. Le lendemain, éclosion du deuxième œuf, suivie le jour suivant d’une troisième. Les deux adultes font la garde à tour de rôle, procurant bouffe et chaleur aux nouveau-nés.

L’évolution de la vie se poursuit, simplement et calmement. Soudain, tout change! Papa, maman et les petits vivent un état d’agitation extrême. Je ne comprends pas pourquoi jusqu’à ce que je découvre la présence d’un seul oisillon au nid. Où sont les deux autres?

Je perce le mystère de ce drame en observant une corneille d’Amérique qui rôde autour du nid. Elle a détecté le gîte, jetant la panique dans la vie de cette famille de banlieue.

Cet état s’amplifie avec l’arrivée de deux autres corneilles, noires et lugubres. Rusées, deux d’entre elles font le guet alors que la troisième fonce sur le nid et s’empare du dernier bébé merle pour n’en faire qu’une bouchée. Je suis bouleversé même si je sais que c’est la loi implacable de la nature.

Peu après, maman merle revient sur les lieux du crime. Elle s’installe dans le nid comme si tout était normal. Quelques minutes plus tard, elle se rend à l’évidence et quitte la demeure familiale. Puis, papa merle arrive à son tour et cherche partout autour du nid. C’est le vide. Il déserte les lieux.

Quelque vingt minutes plus tard, une maman moineau vient faire une tournée de reconnaissance. Elle aperçoit le nid vide. Elle y entre, s’installe de tout son long et adopte l’endroit. Et la vie continue…

Menaces et adaptation

La loi du plus fort régit la nature. Chaque espèce s’adapte et évolue. Le merle d’Amérique a la bonne habitude de faire une deuxième couvée au début de l’été.

En moyenne, le nombre d’œufs est de quatre pour la première nichée et de trois pour la seconde.

Sur les sept œufs du merle, combien d’oiseaux atteindront l’âge adulte? Difficile à dire en raison des nombreux périls affectant la vie de l’oiseau. Les tempêtes de grêle et autres intempéries, la maladie et la prédation par les animaux constituent les principales menaces à la vie de l’oiseau.

Le plus important prédateur dans les régions habitées est le chat domestique, selon le Service canadien de la faune (SCF). Parmi les autres prédateurs, mentionnons le raton laveur, les écureuils, la corneille d’Amérique et certains oiseaux de proie.

Au bout du compte, les biologistes estiment que seulement le quart d’une couvée atteint l’âge adulte. La plupart des merles d’Amérique vivent environ deux ans, d’après le SCF, qui ajoute: «ce qui fait qu’en six ans, la population est presque totalement renouvelée».

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.