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Le BAPE décommande le projet de Stablex, au contentement des Blainvillois

En mai dernier, le BAPE tenait sa première consultation publique.

Le BAPE décommande le projet de Stablex, au contentement des Blainvillois

Publié le 27/09/2023

Tel que promis, le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le projet de Stablex est disponible au public depuis vendredi dernier. Il recommande au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques (MELCC) de ne pas autoriser le réaménagement de la cellule 6 – au grand contentement de citoyens, municipalités et groupes locaux.

Rappelons que le centre de traitement Stablex était sous enquête puisqu’il désirait enfouir à perpétuité plusieurs millions de mètres cubes de déchets toxiques sur un site que la Ville de Blainville lui aurait vendu et qu’il aurait exploité jusqu’en 2065. L’entente de principe allant en ce sens a été résiliée par le conseil municipal en août dernier, laissant l’avenir du projet incertain. La commission en est venue à le « considérer comme étant prématuré » et à « recommander, en conséquence, de ne pas l’autoriser, d’autant plus qu’il lierait le gouvernement pour une durée d’environ 40 ans », lit-on dans le rapport.

Fait à noter : Stablex pourrait toutefois procéder, si le MELCC l’autorise, au développement de sa cellule 6 sur un site appartenant au gouvernement du Québec et situé en bordure de quartiers résidentiels – option qui se trouve écartée de l’enquête menée par le BAPE. La fiabilité à long terme du produit stabilisant utilisé, l’étanchéité des cellules d’enfouissement, la proximité de milieux humides et l’importation de déchets résiduels des États-Unis et de l’Ontario ont alimenté la recherche et constituent les principales inquiétudes de l’« opposition unanime » que mentionne le BAPE. En quatre mois, la commission d’enquête aura tenu six séances de consultation publique et recueilli trente-cinq mémoires. Les préoccupations des Blainvillois auront pris de l’ampleur à mesure que le processus avançait, menant à un mouvement assumé.

Stablex prévoyait aménager sa cellule 6 à proximité de tourbières.

Soulagement

« On est bien heureux de voir que le BAPE arrive aux mêmes conclusions que le conseil de Ville, que les éléments du mémoire que la municipalité a déposé ont été considérés dans la prise de décision et qu’ultimement, tout comme nous, ce sont les intérêts des Blainvillois et la protection de nos milieux naturels qui ont primé » commente Liza Poulin, mairesse de Blainville.

« C’est une grande victoire pour la protection de l’environnement aujourd’hui. Je me dois de saluer la mobilisation de la communauté laurentienne, les citoyens comme les producteurs agricoles, dans son combat contre ce projet d’un autre siècle », mentionne pour sa part Audrey Lemaire, présidente du syndicat de l’Union des producteurs agricoles des Basses-Laurentides.

Une coalition de groupes environnementaux, qui réunit notamment Eau Secours, le Mouvement d’action régional en environnement (MARE) et Action Environnement Basses-Laurentides (AEBL), se dit aussi rassurée de voir que le BAPE ait pu reconnaitre certains faits.

« Les groupes sont soulagés de constater que les inquiétudes de la population locale, des scientifiques et des élus de la région aient été entendues dans le cadre des consultations publiques », affirment-ils par voie de communiqué.

Ils soulèvent cependant le fait que le BAPE, bien qu’il ait pris en considération la valeur écologique des tourbières avoisinant le site prévu, ne met pas suffisamment en lumière les enjeux de contamination de l’eau potable dans son rapport, enjeux qui, selon eux, figurent parmi les plus importants.

Regards braqués sur Benoit Charette

Ce sera maintenant au tour du ministre Benoit Charrette d’approuver, ou non, la réalisation de la cellule 6 en elle-même, alors que la possibilité d’un arrêté ministériel pour autoriser le projet de Stablex plane toujours.

« Monsieur Charette doit absolument respecter le souhait de la population de Blainville et des élus de la région et annoncer dès maintenant le rejet complet du projet de réaménagement de la cellule 6 » martèle Martin Legault, coordonnateur pour le MARE.

Plus globalement, le BAPE appelle à un meilleur encadrement du la part de Québec en matière de gestion de matières dangereuses et espère qu’un dossier comme celui-ci saura susciter une mise à jour des pratiques.