logo journal nord-info
icon journal
featuredImage

Clarence aime la classe d’art de Sophie Bergeron.

GalleryImage1

Les élèves de la classe du CFCP sont à confectionner un coussin coiffé de leur autoportrait.

GalleryImage2

Mathieu est un partisan des Canadiens.

L’art au service de l’estime de soi

Publié le 06/03/2021

Depuis maintenant un an que la Thérésienne Sophie Bergeron enseigne l’art à des adultes souffrant d’une déficience intellectuelle ou atteints d’autisme, au Centre de formation continue des Patriotes (CFCP), situé à Deux-Montagnes. Le fait, pour ces individus exceptionnels, de se présenter à l’école trois jours par semaine leur permet de briser l’isolement, bien sûr, mais surtout de s’épanouir comme être humain en développant leur estime de soi.

Les élèves de Sophie Bergeron sont âgés de 21 à 62 ans. En raison de la pandémie, seuls ceux et celles qui habitent toujours chez leurs parents sont autorisés à se présenter en classe.

«Je leur enseigne l’expression de soi par les arts, et ce, sous toutes ses formes, soit par la peinture, la sculpture, etc. Je les aide à développer leur créativité», explique Mme Bergeron, une illustratrice de métier, bachelière en arts par surcroît, qui s’assure également que les œuvres de ses élèves soient mises en évidence, dans les couloirs de l’école, notamment, et par le biais d’une page Facebook sur laquelle sont exposés des photos d’eux en action et de leurs travaux.

«Leurs parents peuvent ainsi voir tous les jours ce que font leurs enfants dans ma classe. Certains m’écrivent qu’avant mon cours, ils n’avaient jamais su ce qu’ils faisaient».

Les élèves travaillent actuellement à la confection d’un coussin autoportrait, ce qui les aide à comprendre de quelle façon ils se perçoivent. Ont-ils un grand nez, des cheveux longs, de petites dents? Autant de questions auxquelles ils doivent trouver des réponses.

«Je leur montre à accepter qui ils sont, toujours en utilisant  l’humour. Cela leur permet de s’assumer. Ils en sont fiers. J’utilise l’art comme prétexte pour arriver à ce qu’ils s’expriment et qu’ils aient confiance en eux».

Témoignages éloquents

Lors d’une récente activité organisée dans la classe d’art du CFCP, on a demandé aux élèves ce qu’ils aimaient particulièrement.

«Ce que j’aime, moi, c’est Sophie! Elle est drôle et amusante», a dit Julie, en montrant l’autoportrait qu’elle a réalisé et qui la représentait en Joconde.

L’œuvre de Jessica la met en valeur dans un «suçon en tourbillons». Elle est heureuse de faire partie de cette classe, «sa deuxième famille», dit-elle, et de savoir que son œuvre sera exposée dans le corridor de l’école.

«Je suis contente parce que je trouve important que les gens me connaissent et qu’ils n’aient pas peur de venir me voir et me parler. Je veux que les gens soient moins gênés avec moi, car je suis une personne très sociable. J’ai hâte qu’ils voient ce que je fais», dit-elle.

Quant à Denise, elle a réalisé sa toile pour l’offrir en cadeau à sa mère, tout comme France, Josianne et Marie-Pierre. Mathieu compte l’offrir à sa sœur Rosalie, tandis qu’Émilie l’offrira à son père Marc. Clarence, Maxime, Alexandra et Joël sont aussi au nombre des artistes.

«J’aime les ateliers, disent-ils. On fait toujours des projets nouveaux, ce n’est jamais les mêmes choses. J’aime travailler avec Sophie».

Et Sophie aime travailler avec son groupe. Ça se voit. Elle est consciente que pour certains d’entre eux, «il s’agit de leur seule sortie».

«De voir cette magie qu’ils ont en eux, une magie qu’ils ne connaissaient pas avant que l’art ne la fasse jaillir. C’est ça ma paye! Je me suis rendu compte qu’en tant qu’artiste, leur présence me nourrit. Apporter l’art qui fait du bien à des adultes, c’est ce qui me motive», a conclu Sophie Bergeron.

Elle invite la population à visiter la page Facebook «Classe d’art CFCP» pour voir les oeuvres de ses élèves et y donner du matériel d’art, tels pinceaux, peinture, etc., et des fournitures comme de vieux bijoux, de la fourrure ou des ceintures, qui pourront ensuite être utilisés pour créer.