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La visite de l’oiseau rouge

Le cardinal rouge est un oiseau un peu farouche qui vit dans un habitat particulier.

La visite de l’oiseau rouge

Publié le 24/12/2013

Le cardinal rouge fréquente les mangeoires, lit-on dans les guides d’identification sur les oiseaux du Québec. Pour certaines personnes, ce fait semble une chimère, un rêve inaccessible.

Depuis une quinzaine d’années, Monique tente d’attirer le cardinal rouge dans sa cour de Mirabel, mais le bel oiseau brille par son absence. Pourtant, elle voit l’oiseau rouge aux alentours de sa cour, mais le volatile ne visite pas ses nombreuses mangeoires. Tournesol, millet, chardon et graines diverses, carrés de suif, pains de saindoux, bûche farcie aux fruits et au beurre d’arachide, voilà quelques mets présentés aux plateaux d’alimentation dressés dans sa cour, sans oublier un superbe bassin d’eau.

Monique a aussi installé la fameuse mangeoire à cardinal, laquelle est munie d’un dispositif relié au poids de l’oiseau permettant l’ouverture du loquet. Elle a rempli cette mangeoire de carthame, une graine haut de gamme appréciée habituellement par le cardinal rouge. Rien! Que des moineaux et des étourneaux se régalant, en pépiant de joie, de cette nourriture royale.

La cour envahie de pigeons et oiseaux de toutes sortes, sans compter les écureuils et les souris, Monique, d’un air triste, a récemment arrêté de nourrir les boules emplumées de la faune ailée.

Le lendemain matin, un samedi vers 10 h, elle croit rêver en regardant par la fenêtre! Un oiseau à la huppe rouge est là! «Le cardinal rouge!, s’exclame-t-elle. Il déguste des graines par terre!». En plus, il reste sur place durant une ou deux minutes! Ravie, enchantée, Monique admire l’oiseau tant espéré.

Son oiseau mythique reviendra presque tous les jours vers la même heure, durant une semaine, pour ensuite se fondre dans la nature.

Habitat particulier

Le cardinal rouge est un oiseau un peu farouche qui vit dans un habitat particulier. Cet oiseau écarlate au masque noir habite l’orée des boisés, les cours et les jardins de maisons de banlieue et les parcs urbains.

Un terrain découvert bordé de haies de thuyas d’Amérique (un arbre appelé à tort «cèdre») s’avère le milieu idéal pour cet oiseau. Il peut aussi être aperçu aux abords de buissons épais et de vignes, où il pourra se réfugier en cas de danger.

La rareté du couvert végétal dans la cour de Monique explique probablement l’absence du bel oiseau.

Au cours de la période de nidification, la présence d’oiseaux plus «agressifs», comme le geai bleu et le quiscale bronzé, peut l’inciter à choisir une zone plus agréable pour élever sa famille, sans oublier la menace des chats et des ratons laveurs.

La femelle arbore un plumage chamois, teinté d’un peu de rouge sur les ailes et la queue. Mâle et femelle vivent en couple. Ils se reproduisent au printemps et à la fin de l’été, la femelle donnant naissance à une nichée de 3 à 5 oisillons.

Le cardinal rouge marque son territoire afin d’y rester à l’année. Il ne migre donc pas et s’il semble disparaître du voisinage, c’est pour nicher en toute discrétion. Aussi, il préfère visiter les mangeoires tôt le matin et tard en fin de journée.

Outre les graines, son menu comprend des insectes et des petits fruits. Une cour peuplée de rosiers, vignes sauvages et viornes met en appétit l’oiseau flamboyant.

Rappelons que cet oiseau était considéré comme rare, au Québec, il y a une trentaine d’années. Il a agrandi son territoire en remontant du nord-est des États-Unis pour apparaître de manière régulière en Montérégie et gagner ensuite d’autres régions du Québec. Aujourd’hui, dans son habitat, il est assez commun dans les Basses-Laurentides, mais sa présence est irrégulière dans les Hautes-Laurentides.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre du regroupement Québec-Oiseaux. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com