Intrigués par les manœuvres de l’entrepreneur au moyen de machinerie lourde dans cette zone qu’ils souhaitaient voir être gardée intacte derrière chez eux, Normand Lacasse et sa conjointe Vanessa Coossa ont décidé d’alerter le MEDDP en mai dernier.
Une équipe du ministère a déterminé qu’il s’agissait bien d’un milieu humide par le truchement d’un biologiste. La division Environnement du Service de l’Urbanisme de la Ville de Blainville a également été dépêchée sur les lieux. On a constaté l’infraction et alors ordonné que les travaux soient arrêtés pour une période de 75 jours ou plus.
Selon le directeur du Service de l’Urbanisme, Michel Larue, l’intervention rapide de son équipe et des spécialistes du ministère de l’Environnement a empêché à temps des dommages environnementaux qui auraient pu être importants.
«Les citoyens sont souvent nos yeux et nos oreilles dans de telles situations», a mentionné Michel Larue.
«Quand nous avons acheté notre résidence dans le secteur, il y a un an, on nous avait dit que cette zone était protégée, ce qui n’est vraisemblablement pas le cas», de confier de son côté Normand Lacasse au représentant du Nord Info.
Obtenant la confirmation que la Ville de Blainville avait délivré un permis d’abattage d’arbres au promoteur pour l’exécution des travaux, le 5 mai dernier, le conseiller à l’opposition, Louis Lamarre, s’est interrogé sur la légitimité d’un tel octroi, considérant que les autorités municipales sont censées connaître précisément les endroits où se trouvent les milieux humides sur son territoire.
À la demande du maire François Cantin, Michel Larue a expliqué que le terrain concerné a déjà appartenu à la Ville et a été cédé par la suite à la Commission scolaire de la Seigneurie des Mille-Îles (CSSMI) avant de devenir la propriété du promoteur. Il a aussi précisé que la détention d’un permis ne dispensait en rien le promoteur de la responsabilité de respecter le processus d’obtention d’un certificat d’autorisation selon les dispositions de la Loi sur l’environnement.
Selon le directeur général de la Ville, Paul Allard, il n’est pas rare que les autorités municipales aient des prises de bec avec des «entrepreneurs trop entreprenants». Le conseiller Alain Portelance a, à cet égard, remis en mémoire le cas de la construction de l’école de l’Aquarelle, où le constructeur avait voulu ravager le milieu humide en cause.
«Souvent, il est exigé qu’un entrepreneur qui détruit un milieu humide doive le recréer ailleurs. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle le Fonds vert de la municipalité a été mis sur pied», a ajouté Paul Allard.
«Nous ne sommes nullement à l’abri du phénomène des entrepreneurs délinquants. De plus, 38 % du territoire de Blainville se situe en zone protégée et ça restera ainsi», a insisté François Cantin.