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La «petite maison jaune» sera vraisemblablement démolie

La Maison Joseph-Laliberté/Maison Elphège-Legault disparaîtra vraisemblablement du paysage thérésien. (Photo Claude Desjardins)

La «petite maison jaune» sera vraisemblablement démolie

Publié le 21/10/2020

Une maison figurant dans l’Inventaire du patrimoine bâti de la MRC de Thérèse-De Blainville tombera vraisemblablement sous le pic des démolisseurs, de manière à permettre la construction d’un immeuble à logements de trois ou quatre étages, contenant 40 unités locatives.

Dans un projet de résolution (2020-418) adopté à la majorité (la conseillère Johane Michaud, de même que les conseillers Christian Charron et Michel Milette ont voté contre) le lundi 5 octobre, le conseil municipal accueille favorablement une demande formulée par le promoteur (Immo-Stellco) et propriétaire de la maison sise au 257, rue Blainville Est, aussi appelée la «petite maison jaune», laquelle serait démolie au lieu d’être déplacée, tel que prévu initialement. Le bâtiment, a-t-on analysé, ne survivrait pas à l’opération (voir autre texte). À la place, une copie identique de la maison serait construite à proximité, sur la rue Mainville. Ainsi, peut-on lire dans le libellé du projet de résolution, «l’esprit de préservation de la maison patrimoniale sera conservé.»

Valeur patrimoniale forte

Dans l’inventaire réalisé en 2014 par la firme Bergeron Gagnon inc., conseillers en patrimoine culturel, on parle alors d’une maison traditionnelle québécoise dont les murs, revêtus de planches à clin, sont assis sur une fondation de pierres et surmontés d’un toit à deux versants droits retroussés, sur lequel on retrouve un revêtement en tôle pincée.

On estime que sa construction a eu lieu entre 1850 et 1887, date où elle a été achetée par un journalier du nom d’Emmanuel Rochon. Entre 1906 et 1926, elle fut la propriété de Joseph Laliberté, puis d’Elphège Legault, de 1943 à 1976. C’est d’ailleurs du nom de ces deux derniers que la maison est officiellement désignée.

À noter que, dans son évaluation, la firme Bergeron Gagnon avait attribué à cette maison des cotes d’excellence (1er échelon sur 5) pour la valeur d’authenticité et l’état physique, ainsi qu’une valeur de contexte moyenne (4e échelon), notamment, un examen qui avait amené les experts à attribuer une valeur patrimoniale «forte» à cette maison, au même titre que 25 % des bâtiments inventoriés dans la MRC. Il est bon de savoir que cette échelle de valeur comprend aussi cinq échelons : exceptionnelle, supérieure, forte, moyenne et faible.

Des voix s’élèvent

Outre les deux conseillers de l’opposition et la conseillère Michaud, qui fait partie de l’équipe de la mairesse Sylvie Surprenant, d’autres voix s’élèvent contre la démolition de la Maison Joseph-Laliberté/Elphège-Legault.

Le citoyen Pierre Leclerc, membre de la Société d’histoire et de généalogie des Mille-Îles (SHGMI) et ex-adversaire politique de l’administration Surprenant, a profité d’une consultation par écrit, qui se déroulait du 6 au 21 octobre, pour exprimer sa dissidence, rappeler que des programmes de subventions existent pour la rénovation des bâtiments patrimoniaux et formuler le souhait que la Ville se dote d’un conseil local du patrimoine, tel que l’autorise la Loi sur les biens culturels, au lieu de laisser au comité consultatif d’urbanisme (CCU) l’analyse exclusive des dossiers impliquant des bâtiments patrimoniaux.

Quant à l’idée de construire une réplique identique de la maison, Pierre Leclerc la qualifie de farfelue. «Ce concept, utilisant exclusivement des matériaux modernes, sera dépourvu de continuité et de signification historiques», écrit-il, dans le cadre de la consultation publique.

La Ville, a-t-on appris, devrait se prononcer sur l’évolution du dossier lors de la prochaine séance du conseil municipal, le lundi 2 novembre.

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