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Joyau ailé du Québec

(Photo Ken Thomas — Wikimedia) Depuis le début des années 1980, la population du merlebleu remonte grâce à des programmes d’installations de nichoirs.

Joyau ailé du Québec

Publié le 15/04/2011

Le merlebleu de l'Est est l’un des joyaux de la collection aviaire du Québec.

Perché sur un piquet de clôture ou un arbuste, il montre une tête azurée, un dos bleu et une poitrine orange tirant sur le rouge, des couleurs dignes de la palette d’un peintre.

Ce joyau est précieux et fragile. La population de cette espèce a connu des variations importantes depuis le début de la colonisation. Oiseau de terrains ouverts, il a profité du défrichement et des aménagements agricoles pour étendre son rayonnement.

Au début du XXe siècle, la présence du merlebleu était fréquente dans la région de Montréal et assez commune ailleurs au Québec.

De 1950 à 1980, approximativement, une succession d’hivers rigoureux et la compétition du moineau et de l’étourneau ont entraîné une chute dramatique de l’espèce. Le merlebleu a alors été classé espèce vulnérable.

Notre oiseau bleu niche dans les anciens trous de pic-bois et autres cavités, des endroits convoités par l’étourneau. Ce dernier gagne souvent la bataille territoriale, reléguant notre bel oiseau en des endroits moins hospitaliers.

Depuis le début des années 1980, les effectifs remontent grâce à des programmes d’installations de nichoirs par plusieurs associations de protection des oiseaux. Ces organismes posent et entretiennent des maisonnettes dans plusieurs régions du Québec, notamment dans les Basses-Laurentides et les Hautes-Laurentides. Ces efforts de conservation s’avèrent un succès. Le statut d’espèce vulnérable a été levé par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), organisme du gouvernement fédéral.

Vie familiale

Notre saphir ailé arrive tôt au printemps, à la fin de mars ou au début d’avril. Cette arrivée hâtive peut coûter des pertes de vie chez l’espèce en raison des froids tardifs de notre climat.

Le mâle arrive tôt pour s’approprier un bon territoire, suivi quelques jours plus tard par la femelle. Le mâle entame la période nuptiale en papillonnant dans les airs afin de courtiser la femelle. Au début, celle-ci semble indifférente, mais peu à peu elle s’approche d’une cavité ou d’une maisonnette choisie par le mâle. Parfois, il offre des insectes à sa compagne. Si elle accepte ce présent, l’union se tisse.

Au bout du compte, c’est la femelle qui détermine l’endroit du nid. Le mâle transporte des brindilles et autres matériaux pour ériger le nid, mais c’est la femelle qui façonne le nid.

Elle pond généralement quatre ou cinq œufs. Elle est la seule à incuber, nourrie par le mâle durant la période de couvaison.

Après l’éclosion, les oisillons demeurent entre 17 et 20 jours dans la maisonnette (ou la cavité). Si on les dérange pendant cette phase, les oisillons s’envolent prématurément, diminuant ainsi les chances de survie.

Le merlebleu de l’Est, désigné anciennement sous le nom merle-bleu à poitrine rouge, affectionne les champs, les prés, les vergers et les coteaux.

D’une taille un peu plus petite que le merle d’Amérique, le merlebleu de l’Est est souvent observé près des fermes, où il joue un rôle très utile en mangeant quantité de sauterelles, criquets et autres insectes. Vers la fin de l’été, il pourra se nourrir de petits fruits.

Son répertoire musical consiste en des sifflements doux et autres sons mélodieux.

On ne se lasse pas d’entendre son chant ni de contempler le plumage de cet oiseau exquis.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est vice-président de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi conférencier et rédacteur en chef du bulletin L’Oriole, publié par cet organisme. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.