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«Il faut attaquer les difficultés de front et en équipe» – Ramez Ayoub

Le député de Thérèse-De Blainville, Ramez Ayoub

«Il faut attaquer les difficultés de front et en équipe» – Ramez Ayoub

Publié le 13/03/2018

Peu importe la forme que prendra la démarche, ce sont les résultats qui comptent. «En bout de ligne, il faut agir», affirme le député libéral de Thérèse-De Blainville, Ramez Ayoub, qui fait aussi le constat de transformations importantes dans le monde des médias écrits.

Le sujet revient ponctuellement dans l’actualité et l’annonce du gouvernement Trudeau, la semaine dernière, d’une enveloppe de 50 millions de dollars répartie sur cinq ans pour aider les journaux canadiens à s’adapter aux nouvelles réalités du marché a suscité son lot de commentaires négatifs (ce ne sont que des miettes, estiment plusieurs intervenants), y compris ceux du sénateur libéral Serge Joyal, qui parle de «péril urgent» et de «cadavres qu’il faudra bientôt enterrer» (La Presse, vendredi 2 mars 2018).

L’industrie doit s’adapter

«Notre gouvernement est très à même de reconnaître les difficultés que rencontre l’industrie des médias et on doit trouver des moyens pour assurer la pérennité de la couverture journalistique. Doit-elle se faire sur papier, en mode numérique ou d’une autre façon que nous ne connaissons pas encore? C’est en discutant avec les gens du milieu que nous pourrons trouver des solutions», de dire Ramez Ayoub, convaincu de l’importance, pour la population, d’être informée de ce qui passe autour d’elle.

Jusqu’à tout récemment, trois entreprises de presse se faisaient concurrence dans la région. Il n’en reste plus qu’une et Ramez Ayoub convient que la chose est préoccupante. «Si nous perdions ce dernier bastion de la presse écrite, nous serions fort mal desservis, exprime-t-il. Nous serions englobés par les grands médias montréalais et l’information régionale nous parviendrait moins bien.»

Ce dernier croit toutefois que l’industrie doit s’adapter et attaquer les difficultés de front et en équipe. «Nous sommes tous dans le même bateau», dit-il en suggérant que la confrontation ne mènera nulle part. Les 50 millions du budget Morneau ont pourtant été tournés en ridicule par maints intervenants, y compris le sénateur Joyal. Dans une lettre ouverte publiée dans La Pesse de samedi dernier, et que fait circuler Hebdos Québec, le député néodémocrate Pierre Nantel démontre que cette aide représente 1 250 $ par année, par journal au Canada.

«L’aide gouvernementale est toujours bienvenue. On en voudrait toujours plus, mais il faut bien utiliser celle qu’on a. Cette aide-là devra servir à adresser la question. Si nous avions la formule magique, ces 50 millions seraient déjà investis dans une solution qui règlerait tout. Malheureusement, on n’est pas encore rendu là», constate le député.

Le marché parle

Une critique revient continuellement voulant que les géants du Web, comme Google et Facebook, récoltent 70 % des revenus publicitaires sans percevoir de taxe ni payer d’impôt, une situation qui nuit manifestement aux médias traditionnels. «Le marché parle. Il faut écouter le marché. Ce n’est pas d’hier que cette problématique existe. Les gens veulent être informés rapidement et le numérique répond à ça. Comment assurer la pérennité de la presse régionale dans ce contexte? C’est à cela que nous travaillons», affirme Ramez Ayoub qui envisage la problématique sous son angle global, au-delà des frontières de notre région.

«On a beau parler de Facebook et de Google, mais qui nous assure que les nouvelles qu’on y trouve sont vraies», lance Ramez Ayoub, tout en admettant que l’ensemble des lecteurs qui s’y alimentent ne se posent pas nécessairement cette question. «Les gens le savent de plus en plus. Il y a encore de l’éducation à faire, mais je suis convaincu que le public se désintéresse déjà de certaines plateformes. Les vraies nouvelles, ce sont les vrais journalistes qui les publient», dit-il.

Pour Ramez Ayoub, qui a été maire de Lorraine et qui est maintenant député de Thérèse-De Blainville, l’importance de la presse régionale ne fait aucun doute. «Elle est essentielle et je serai toujours en train de la défendre. Il faut par ailleurs offrir l’aide gouvernementale avec délicatesse, sans dépasser une certaine limite. Nous ne voudrions pas que cette aide vous rende redevable. Nous ne voudrions pas nuire à votre crédibilité et votre indépendance. Sinon, ce serait la fin de la démocratie», pense Ramez Ayoub, qui souligne la difficulté de ce jeu d’équilibre pour un gouvernement: «Peu importe ce que nous ferons, en bout de ligne, nous aurons donné trop d’aide ou pas assez d’aide.»

Il semble que la discussion ne soit pas terminée.