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Hypersensibilité environnementale: changer de province pour obtenir des traitements

Hypersensibilité environnementale: changer de province pour obtenir des traitements

Publié le 05/04/2013

Selon Statistique Canada, il y aurait eu, en 2010, environ 179 000 diagnostics d’hypersensibilité environnementale. Une augmentation de 4 % par rapport à 2005 pour le Québec et de 34 % pour le Canada.

«Elle est davantage répandue dans les pays industrialisés», explique le vice-président de l’Association pour la santé environnementale du Québec (ASEQ), Michel Gaudet.

Si ce dernier ne souffre pas d’hypersensibilité environnementale, il a cependant été témoin, en 1993, de l’empoisonnement aux pesticides de son épouse et, à moindre échelle, de ses deux enfants. «Notre voisin utilisait des pesticides pour traiter un problème d’araignées. À la suite de cela, la santé de ma femme s’est détériorée.»

Des tests sanguins passés aux États-Unis révèlent une très haute teneur en pesticides chez l’épouse de Michel Gaudet, Rohini Peris. «Dans les faits, c’est toute la famille qui avait été contaminée par les pesticides, mais pour ma femme, c’était pire, car elle était restée à la maison toute la journée, contrairement à moi qui étais parti travailler et les enfants qui étaient à l’école.»

Les moins atteints des quatre sont Michel Gaudet et son fils Jonathan. «Ma fille a reçu des traitements en Ontario. Aujourd’hui, elle reste toujours sensible aux odeurs. Fort heureusement, l’entreprise où elle travaille aujourd’hui a émis une politique de non-fragrance au travail.»

Pour Rohini, par contre, les séquelles ont été beaucoup plus graves. Ce sont des traitements reçus en Ontario qui lui ont permis de s’en sortir. «Rohini peut aller magasiner, mais elle évite la cohue des magasins le jour et préfère faire ses commissions le soir, quand le risque de croiser des gens parfumés est moindre. Il reste cependant des endroits qui sont plus difficiles pour elle, comme le Canadian Tire, car il y a beaucoup d’odeurs», précise M. Gaudet.

Rencontre

En Ontario, le traitement pour contrer les effets à un empoisonnement récent ou passé passe par un protocole. Celui-ci débute par une première visite qui peut durer jusqu’à deux heures trente minutes. «Il faut analyser toutes les expositions aux produits chimiques qui ont été faites dans le passé», explique Michel Gaudet.

Le traitement consiste à abaisser la charge corporelle de la personne atteinte. Il faut donc éliminer les métaux lourds dans le système par une thérapie de chélation. Celle-ci consiste à évacuer les métaux indésirables par voie urinaire en injectant une solution dans une veine du bras. La seconde étape consiste à éviter les champs électromagnétiques. «Ce sont des traitements qui coûtent cher en Ontario», affirme M. Gaudet.

Précisons que dans certaines littératures, il est mentionné qu’un traitement en chélation peut coûter plusieurs milliers de dollars et qu’il est rarement remboursé par le gouvernement ou les compagnies d’assurance.

Mise en garde des médecins de famille de l’Ontario

Par voie de communiqué, le 12 juin 2012, le Collège des médecins de famille de l’Ontario (CMFO) recommandait fortement au public de réduire son exposition aux pesticides chaque fois que possible, et ce, sur la base des conclusions de sa seconde revue exhaustive qui portait sur la recherche liée aux effets des pesticides sur la santé humaine.

Cette revue démontrait une association entre l’exposition aux pesticides et plusieurs maladies neurologiques et respiratoires, ainsi que des problèmes liés à la reproduction. Ce travail, qui portait sur 142 études, soulignait que les enfants étaient particulièrement vulnérables à l’exposition aux pesticides survenant pendant la grossesse.

«Bon nombre des problèmes de santé liés aux pesticides sont graves», déclarait le Dr Margaret Sanborn, médecin de famille, professeur adjoint d’enseignement clinique à l’Université McMaster et l’un des auteurs de la revue. «Il est donc important de continuer à recommander la réduction de l’exposition qui reste l’approche la plus efficace.»