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Diocèse de Saint-Jérôme: la crise bouscule les habitudes

«Je pense que les gens ont ressenti le manque de la parole de Dieu», évalue Mgr Raymond Poisson.

Diocèse de Saint-Jérôme: la crise bouscule les habitudes

Publié le 18/06/2020

Là comme ailleurs, la crise de la COVID-19 se fait sentir dans plusieurs paroisses du Diocèse de Saint-Jérôme et il faut, de toute évidence, constater que certaines pratiques sont appelées à changer. C’est du moins le constat qui se dégage d’une conversation téléphonique avec Mgr Raymond Poisson, évêque de Saint-Jérôme.

Des ajustements

Il y a trois mois, le 16 mars, Mgr Poisson a expédié une missive aux autorités des différentes paroisses du diocèse pour qu’on suspende (jusqu’à nouvel ordre) les activités dans les églises.

«Si plusieurs ont mis la clé dans la porte (le diocèse compte 34 paroisses), on en a incité huit d’entre elles à continuer à garder leurs employés (parce qu’elles avaient les possibilités financières de le faire). On parle ici, énumère Mgr Poisson, de Saint-Jérôme, Sainte-Thérèse, Lorraine, Rosemère, Sainte-Anne des Plaines. Bois des Filion, Ste-Marthe-sur-le Lac et Saint-Eustache. Les autres ont demandé à leurs gens (employés) de profiter de la PCU (Prestation canadienne d’urgence)», souligne l’évêque.

Vivre plus simplement

Par ailleurs, la crise s’étirant dans le temps, privées de revenus (puisque toute célébration étant impossible) mais devant tout de même faire face à des obligations financières, certaines organisations paroissiales du territoire vivent des moments difficiles, comme l’admet Mgr Poisson.

«Elles ont une réflexion à faire sur leur situation financière. (Selon le principe de) vivre sur la paye de la semaine, ils (les dirigeants des paroisses) ne sont pas certains de retrouver la même façon de faire (une fois que la crise sera terminée). Elles (les paroisses) vont devoir vivre plus simplement et, certaines, devront compter sur leur voisine».

Si (comme à peu près tout le monde) Mgr Poisson ne pouvait pas prévoir la durée de la pause imposée, il a tout de même pris les devants dans sa missive du 16 mars en suspendant la contribution diocésaine des paroisses pour les mois d’avril et de mai.

Un dossier important

Ce qui nous ramène à ce dossier important, qu’après avoir fait le tour des paroisses, Mgr Pierre Morissette (évêque de Saint-Jérôme à l’époque) et Mgr Raymond Poisson avaient opté (à la fin de 2018) pour laisser les dirigeants de fabrique décider eux-mêmes de la fermeture ou non de leur église.

La réflexion est d’autant d’actualité dans le contexte et Mgr Poisson parle aujourd’hui (pour les fabriques) de continuer à faire une évaluation basée sur le principe du «bon propriétaire, bon gestionnaire et bon père de famille».

Églises domestiques

Sinon, la religion catholique se porte bien dans le Diocèse de Saint-Jérôme s’il n’en tient qu’à son évêque, Mgr Raymond Poisson.

«Depuis que des églises (conventionnelles) sont fermées, il s’est ouvert des églises domestiques dans les maisons (lire que les gens pratiquent leur religion à la maison avec les conditions dont ils disposent). Nous avons également de bonnes  cotes d’écoute avec la messe (hebdomadaire) à Radio-Canada. Je pense que les gens ont ressenti le manque de la parole de Dieu (et prennent les moyens, selon lui)».

De plus, Mgr Poisson se dit heureux du succès de l’aide alimentaire, préparée dans les églises (là où c’est le cas) et livrée dans les foyers, grâce (entre autres pour ça) à la «belle collaboration des villes».

Rites funéraires

Aujoud’hui, l’évêque souhaite que le déconfinement amorcé par les autorités gouvernementales touche  également son organisation.

«Il y en a certains qui viennent sonder la porte (des églises). Alors que tu peux rentrer au dépanneur, tu devrais pouvoir rentrer dans l’église», image-t-il.

Chose certaine, en fonction du contexte qui devient de plus en plus difficile à ce niveau (l’accumulation des décès sans pouvoir tenir des funérailles) «il faudrait pouvoir recommencer au plus tôt les rites funéraires».

La quête

Et parce que, en religion comme ailleurs, le nerf de la guerre est souvent l’argent, il faut aussi s’adapter.

Évaluant, à juste titre, qu’il sera ardu de poursuivre la pratique de la quête (comme on la connaissait) lors des célébrations, Mgr Poisson souligne que les autorités diocésaines travaillent sur des solutions de rechange.

Car, dira-t-il, «beaucoup de paroissiens veulent (contribuer financièrement).»