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De la visite rare: l’allure racée de la chouette lapone

La chouette lapone est observée de manière régulière dans plusieurs régions du Québec

De la visite rare: l’allure racée de la chouette lapone

Publié le 05/02/2013

Collaboration spéciale
Un visiteur rare fréquente cet hiver le sud du Québec. Il s’agit de la chouette lapone, un grand oiseau qui se perche souvent sur un arbre isolé ou un piquet, au milieu des champs.

La chouette lapone démontre une allure racée avec son plumage aux tons cendrés. Elle a une tête ronde dépourvue d’aigrettes et des yeux jaunes logés au centre d’un disque facial.

Elle se démarque également par sa grande taille. Son envergure surpasse tous les oiseaux de la famille des strigidés nocturnes, laquelle regroupe les ducs, les nyctales, les hiboux et les chouettes. Elle mesure quelque 80 centimètres, comparativement à 65 cm pour le harfang des neiges et 60 cm pour le grand-duc d’Amérique.

La chouette lapone, désignée sous le nom de chouette cendrée dans les anciens guides d’identification, vit dans les forêts d’épinettes et autres conifères découpées par des clairières et des marais. On la repère également dans les tourbières boréales jonchées d’arbres.

Notre grande chouette se retrouve en petit nombre en Abitibi, mais la majeure partie de la population fréquente le nord de l’Ontario et des provinces de l’Ouest. D’ailleurs, la chouette lapone est l’emblème aviaire du Manitoba.

Cette espèce est sédentaire, mais un phénomène particulier survient selon une période de quatre ou cinq ans.

À la fin de l’automne, elle quitte sa terre natale et se déplace sur des milliers de kilomètres vers le sud, se retrouvant dans les régions du sud du Québec et du nord des États-Unis.

L’hiver 2013 illustre bien cette migration puisque la chouette lapone est observée de manière régulière dans plusieurs régions du Québec, entre autres dans les Basses-Laurentides et en Outaouais. Ce mouvement migratoire est causé par la rareté de la nourriture dans son territoire habituel, selon les biologistes.

Elle mange notamment des souris et des campagnols. Grâce à sa vue perçante, elle peut déceler ses proies d’une distance allant jusqu’à 500 mètres. De plus, son ouïe très fine lui permet de détecter la présence des petits rongeurs sous la neige.

Quand sa proie est localisée, elle se rue avec tant de puissance qu’elle peut traverser une épaisse croûte de neige de plus de 20 centimètres et ressortir avec son butin. Puis, elle avale d’un seul trait sa victime. La chouette lapone, tout comme les autres chouettes et hiboux, régurgite les parties non consommables (os et fourrure) de sa proie sous forme de boulettes. La présence de ces boulettes au sol s’avère donc un indice probant de la présence de l’oiseau dans un secteur particulier.

Oiseau de nuit dans ses quartiers d’été, la chouette lapone s’active parfois en plein jour dans sa zone migratrice. On peut ainsi admirer l’oiseau racé, au grand plaisir des observateurs et des photographes de la faune ailée.

Harcèlement de chouettes

La photographie d’oiseaux est un loisir noble qui favorise le contact avec la nature. Cependant, des abus et du harcèlement mettant en danger des chouettes cendrées et des harfangs des neiges ont été commis dernièrement par quelques photographes, selon le Regroupement Québec-Oiseaux.

Cet organisme rappelle que les hiboux sont protégés par des lois gouvernementales et souligne qu’on ne peut les pourchasser, ni les effrayer.

Oiseau de proie ou carnivore?

La croyance la plus largement répandue est qu’un oiseau de proie se distingue des autres espèces du fait qu’il chasse et mange de la viande. Or, il existe d’autres espèces d’oiseaux carnivores dans le monde qui ne sont pas incluses dans la famille des oiseaux de proie.

Par exemple, le grand héron, tout comme le martin pêcheur, est un mangeur de poissons. Cependant, ces deux espèces ne sont pas des oiseaux de proie, car elles ne possèdent pas l’ensemble des caractéristiques ci-dessous.

La meilleure façon de déterminer si un oiseau appartient à la famille des oiseaux de proie est d’observer attentivement ses pattes. Contrairement aux oiseaux qui attrapent leur nourriture à l’aide de leur bec, les oiseaux de proie utilisent leurs pattes pour saisir et tuer leurs proies. Ils possèdent donc des orteils très puissants, chacun terminé par une longue griffe recourbée, que l’on appelle une serre.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com