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Courrier ailé sur le colibri

Courrier ailé sur le colibri

Publié le 11/05/2012

Plusieurs personnes sont fascinées par le colibri à gorge rubis, petit et vif oiseau vert à la gorge rouge. Ce colibri est le seul oiseau-mouche de sa famille comprenant quelque 340 espèces à migrer au Québec. Voici des réponses à certaines questions posées par des lecteurs. 

Est-ce que je peux remplacer le sucre blanc par du miel quand je fais mon mélange pour l’abreuvoir? (P. C., Sainte-Thérèse)

Cela peut paraître une bonne idée, mais le résultat n’est pas à la hauteur, souligne Jacques Turgeon, spécialiste des colibris et animateur du site [www.projetcolibris.org].

Ce passionné des oiseaux-mouches soutient qu’il est «inutile d’utiliser des mélanges commerciaux, les colorants et autres additifs comme le miel, le sirop d’érable, le sirop de grenadine ou autres». Par rapport à la recette courante constituée d’une partie de sucre blanc pour quatre parties d’eau bouillante, ces produits n’augmentent pas le taux de réussite, d’après M. Turgeon.

De plus, le miel attire les abeilles et hausse le risque de prolifération de bactéries dans le nectar. Selon le Laboratoire d’ornithologie de l’Université Cornell, aux États-Unis, le miel fermente et créé une bactérie qui peut menacer la vie de l’oiseau.

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J’ai installé un abreuvoir pour le colibri, mais je n’arrive pas à attirer l’oiseau. Pourquoi?

(V. H., Blainville)

La présence du colibri à gorge rubis dépend en premier lieu de l’habitat. Notre joyau ailé fréquente les terrains découverts remplis de fleurs, non loin d’un boisé où il fait son nid au sein d’un arbre. Côté nourriture, le colibri peut refuser un mélange contenant de l’eau de robinet traité avec du fluor, du chlore ou autres produits.

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Est-ce vrai que le colibri migre sur le dos d’une outarde?(G. G., Boisbriand)

Une légende sympathique évoque que le colibri migre sur le dos d’une bernache du Canada, le nom exact de l’outarde. La science a démontré cependant que le petit colibri migre par lui-même pour faire le grand voyage entre le Québec et l’Amérique centrale ou le Mexique. Des biologistes ont en effet installé des émetteurs aux pattes de colibris à gorge rubis et ont découvert que ce périple s’effectue en moins d’une semaine, parfois même en trois ou quatre jours!

Autrefois, les habitants du Canada ne pouvaient croire que cet oiseau, si petit et si fragile, pouvait parcourir des milliers de kilomètres entre son aire de reproduction et sa zone d’hivernage. On a donc longtemps pensé qu’il voyageait sur le dos d’une bernache ou d’un gros oiseau comme le canard. Autre croyance de l’époque: le colibri restait ici l’hiver en plongeant dans un état d’hibernation pour se réveiller au temps des fleurs!

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Est-ce que c’est le même colibri qui revient dans ma cour année après année? (P. R.. Rosemère)

C’est fort probable! Les données de baguage d’oiseaux démontrent en effet que le colibri est fidèle à son lieu de naissance. Des adultes identifiés par une bague sont en effets revenus au même endroit le printemps suivant. De plus, des biologistes ont posé des bagues d’identification à des petits nés en été. En septembre, les jeunes sont partis et sont revenus au même site au mois de mai suivant!

L’oiseau revient donc sur place, estime-ton, mais il ne vit pas longtemps. La durée de vie moyenne du colibri à gorge rubis varie entre deux et trois ans. Le record de longévité est de neuf ans.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com