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Artiste, orthopédagogue et… autiste: la vie «presque normale» de Valérie Desroches

Artiste, orthopédagogue et… autiste: la vie «presque normale» de Valérie Desroches

Publié le 22/04/2015

Parmi les personnes qui ont pris la parole, lors du point de presse annonçant la tenue du Grand McDon, Valérie Desroches a causé une vive impression. Atteinte du syndrome d’Asperger, la jeune femme montre un parcours étonnant, du moins pour les profanes que nous sommes.

Valérie Desroches a 30 ans. Il y a deux ans, elle a donc appris qu’elle était atteinte du syndrome mentionné plus haut, un diagnostic que même son médecin, qui la suivait pour des troubles anxieux, a réfuté d’emblée. «Il me disait que c’était impossible, que les autistes ne sont capables de rien faire», raconte-t-elle.

Ah oui? Diplômée du cégep Vanier et de l’Université Concordia en chant classique, Valérie a aussi complété un bac en éducation et une maîtrise en orthopédagogie. Plus est, elle a fondé sa propre entreprise, Pédago-Mobile, qui dispense un service d’aide aux devoirs à domicile. Mais encore? Elle écrit des bouquins pour enfants et vient de produire un manuel pédagogique intitulé Autisme et intimidation/Stratégie et histoire de vie.

Et son médecin ne fut pas le seul à ne pas reconnaître son état. Jusque-là, la vie de Valérie Desroches, malgré ses succès académiques, a été parsemée d’embûches. À l’école, parce qu’elle était différente, on l’a souvent exclue, on s’est moquée d’elle. «Je me suis fait traiter de tous les noms, je me suis fait lancer des vers de terre, j’ai vécu beaucoup d’intimidation verbale, résume-t-elle. Quand ça arrive, tu ne sais pas quoi dire et surtout, tu ne sais pas comment le dire.»

Le syndrome d’Asperger (du nom du psychiatre autrichien Hans Asperger, qui l’a identifié en 1944), n’a été reconnu qu’au début des années 1980. Ceux qui en sont atteints ne présentent généralement aucun trouble ou retard du langage. La problématique qu’ils vivent se situe alors sur le plan de la communication et de la sociabilité, deux domaines où ils montrent des lacunes importantes, ce qui pousse leur entourage à les marginaliser. «Leur perception et leur compréhension des signes corporels, des relations humaines et des règles sociales sont particulièrement altérées», explique-t-on sur le site Web de la Fondation québécoise de l’autisme. «Ce n’est pas naturel, pour moi, d’avoir une conversation spontanée», explique encore Valérie, qui a par ailleurs de la difficulté à suivre l’exposé d’un interlocuteur qui saute du coq-à-l’âne.

On dit des personnes atteintes du syndrome d’Asperger qu’elles ont une intelligence normale ou supérieure, mais qu’elles peuvent montrer des intérêts obsessionnels pour des choses qui semblent banales au commun des mortels. Une obsession pour les détails, aussi, le regard fuyant, un visage peu expressif, des tics et des manies, bref, autant de comportements et d’attitudes qui s’interposent dans les rapports sociaux, amicaux et amoureux. Et qui ne sont pas sans conséquences sur le plan psychologique.

Mais rien qui empêche toutefois de développer son plein potentiel, comme le fait remarquer Valérie Desroches, qui travaille depuis peu comme orthopédagogue dans une institution privée, pour un employeur, dit-elle, qui voit une qualité dans le souci du détail. «La diversité des cerveaux fait partie de la richesse humaine», suggère la principale intéressée, qui aurait bien aimé que son trouble soit diagnostiqué plus tôt. «J’étais bonne à l’école, alors on me disait timide. Si j’avais eu des problèmes académiques, peut-être que j’aurais été prise en charge dès l’enfance», pense-t-elle.

Valérie Desroches, en bout ligne, dit mener mène une presque normale. «Mais les défis sociaux demeurent», précise-t-elle.

Pour en savoir davantage sur le syndrome d’Asperger, visitez le [www.autisme.qc.ca].