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Adieu, caporal Scherrer

À Blainville, où résident son père, sa belle-mère et ses nombreux frères et sœurs, la douleur est palpable, envahissante, profonde. D’ici quelques heures, la famille se rendra à Victoriaville et accompagnera Yannick jusqu’à son dernier repos. Photo Michel Chartrand « C’est une partie de moi-même qui est partie avec lui. Je sais que Yannick veille sur nous tous désormais», décrit Guy Scherrer en parlant de son fils Yannick, décédé en Afghanistan il y a deux semaines. Soulignons que le Caporal Scherrer est revenu avec trois médailles de l’armée canadienne.

Adieu, caporal Scherrer

Publié le 08/04/2011

Il était âgé de 24 ans et s’appelait Yannick Scherrer. Caporal Yannick Scherrer, 1er bataillon, 22e régiment de l’armée canadienne. Il est décédé le 26 mars en Afghanistan après qu’une bombe artisanale eût explosé à ses côtés, devenant tristement le 155e soldat canadien à y perdre la vie.

À Blainville, où résident son père, sa belle-mère et ses nombreux frères et sœurs, la douleur est palpable, envahissante, profonde. D’ici quelques heures, la famille se rendra à Victoriaville et accompagnera Yannick jusqu’à son dernier repos.

Encore anonyme il y a un instant, Yannick renaîtra le temps de ce reportage. Quelque part dans les yeux éplorés de son père, Guy Scherrer, et de sa conjointe, Marguerite-Anne St-Onge, les souvenirs ressurgissent, clairs et marquants.

Indépendamment des photos qui trônent sur la table de cuisine, la mémoire familiale n’oublie pas. La main tremblante de Guy Scherrer se pose d’ailleurs sur les clichés de son fils. Il relate, la voix émue, les différentes époques de la vie de Yannick.

Pêle-mêle, il note maintes anecdotes du garçon blondinet installé au beau milieu d’une brouette, de ses prouesses au baseball, des journées de pêche passées avec lui, son père.

Les récits s’enchaînent jusqu’au moment où il confie le choc ressenti ce matin du 26 mars dernier en voyant à sa porte deux officiers de l’armée et un prêtre.

«Lorsque je les ai vus, j’ai tout de suite compris. Je leur ai dit: C’est Yannick et il est mort», souffle Guy Scherrer.

La gorge nouée par l’émotion, le père se rappelle.

Parfois à petites doses.

Douleur oblige.

Convoi d’honneur

Relatant avec détails la considération, la politesse des gens; celle de l’armée, Guy Scherrer est d’une reconnaissance sans borne auprès de toutes ces personnes à la fois connues et inconnues qui ont témoigné du respect pour son fils mort au combat.

«L’autoroute des Héros (la 401 en Ontario) a été fermée, de la base de Trenton jusqu’à Toronto, pour laisser passer le convoi. Des drapeaux du Canada flottaient et même l’emblème du Québec était représenté», souligne-t-il.

De la colère, Guy Scherrer n’en ressent pas. Ce fils auquel il a donné l’autorisation de partir en paix vit désormais dans le cœur de toute cette famille élargie qui compte une dizaine d’enfants.

«Quand j’ai vu l’avion atterrir, c’était très douloureux, se remémore-t-il. J’ai su que c’était mon fils quand j’ai embrassé son cercueil.»

C’est à un jeune soldat du nom de Simon Tétreault qu’est revenu le soin d’accompagner le cercueil de Yannick durant tout le voyage du retour.

«Simon a veillé sur Yannick et montera la garde jusqu’au moment où il sera mis en terre», indique son père.

Soutien auprès des proches et distinctions pour le disparu, le modus operandi de l’armée canadienne ne tient pratiquement qu’à un mot: ensemble.

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