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L’œil joyeux, ils continuent à marivauder

(Photo Michel Chartrand)

L’œil joyeux, ils continuent à marivauder

Publié le 02/12/2008

À les voir tous les deux assis côte à côte dans l’un des appartements cossus de Le Sage au piano, il est incroyable d’imaginer qu’ils ont passé 60 ans de leur vie ensemble. Marie et Émile Roy ont franchi le cap des 80 (et plus), mais rien dans leur attitude ne trahit leur âge. À les regarder, souriants, heureux, on se dit que la vie les a sûrement gâtés.

«Nous avons été très chanceux dans notre vie, confirme Marie Roy, 82 ans. Notre pire épreuve, nous l’avons connue au début de notre vie commune lorsque notre bébé n’a pas survécu.»

Leur histoire d’amour a commencé pratiquement sur les bancs d’école, puisque c’est à la fin du primaire qu’ils se sont rencontrés. «Je l’ai trouvé beau tout de suite, confie la dame en souriant. Nous avons toujours aimé les mêmes choses; le ski, l’équitation, les promenades, le sport, la vie saine. Quant à notre vie de couple et familiale, quand il y avait un problème, on en discutait toujours, et si l’un de nous réprimandait l’un des enfants, on ne disait rien à l’autre, mais on en discutait le soir quand ils étaient couchés.»

La petite danse matinale!

Marie et Émile ont déménagé chez Le Sage au piano en mai 2008. Et pour faire rire sa dulcinée, chaque matin, Émile se lance dans une petite danse improvisée.
«Il me donne toujours un p’tit bec le matin et me fait une petite danse pour me faire rire, ajoute Marie. On se sent très privilégiés. On parle beaucoup ensemble, de nos enfants, de nos petits-enfants. On déjeune et on reste en pyjama jusqu’à 11 h pour discuter de tout.»

Grands-parents de trois petits-enfants et d’une arrière-petite-fille de trois ans, le couple qu’ils forment depuis 60 ans s’avère un précieux cadeau pour leur famille. Toutefois, ce nouveau quotidien est parfois un peu difficile pour Émile qui avoue s’ennuyer de sa vie de gentleman-farmer. «J’engraisse! s’exclame-t-il. Avant, sur la ferme, je coupais mon herbe, donc je bougeais plus, j’étais plus actif.»
«Même si notre cœur est vieux, notre esprit reste jeune. Avec le temps, on devient plus tolérant, plus patient, on s’étudie plus, ajoute Marie. On a toujours accepté nos dissemblances et nous nous sommes toujours respectés.»
À côté d’eux, le nouveau couple Marcel Mondion (78 ans) et Micheline Erazola (66 ans) les écoute attentivement et hoche la tête en signe d’assentiment. «Vous avez toute ma bénédiction, lance Marie à l’adresse du couple qu’il forme depuis quatre mois. La solitude, ce n’est pas drôle.»
«C’est vrai, c’est très difficile de se lever le matin et de ne pas avoir quelqu’un avec qui parler, renchérit son mari. Moi, je n’ai jamais dit à ma femme que son manger n’était pas bon, je l’ai toujours remerciée.»

C’est à l’unanimité qu’on affirme qu’il serait bon que le processus de la vieillesse s’arrête. Pourtant, à voir Juliette Joly Gagnon, 93 ans, qui attend, pardon, qui trépigne d’impatience de relater à son tour le récit de sa vie, on se dit que décidément: «L’âge n’est pas une affaire d’état civil, mais une affaire d’état d’âme.» (Hélène Sheubel)