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Le courage de rêver

(Photo Yves Déry)

Le courage de rêver

Publié le 12/12/2008

Encore une fois, la salle de l’église Sacré-Cœur était remplie à pleine capacité pour accueillir un artiste incomparable. En effet, Richard Séguin y était de passage, samedi dernier, dans le cadre de sa tournée Lettres ouvertes, laquelle s’achevait le lendemain, après deux ans de spectacles.

Dès que Richard Séguin entre en scène, guitare à la main, accompagné d’Hugo Perreault (voix et guitares multiples), les applaudissements fusent, chaleureux. C’est à un public réceptif et respectueux que l’artiste s’adresse avec plaisir, racontant les origines de presque chaque pièce, son inspiration, le contexte entourant son écriture ou sa première prestation. On a ainsi droit à de belles anecdotes, à un survol de la carrière de Richard Séguin, tout en paroles et en musique. Avec sa voix chaude et réconfortante, il dit son amour pour sa fille, dépeint des tranches de vie, rend hommage aux grands du Québec, mais il chante aussi ses convictions, dénonçant la censure, l’injustice sociale, la négligence.

C’est avec Des allumettes pour s’éclairer que l’artiste choisit d’entamer le concert, chanson dédiée à Michel Chartrand et à «tous les révoltés», les battants qui ont la volonté de faire bouger les choses. Il nous encourage ensuite à rêver, comme moteur de la vie, de la création, avant de chanter une lettre à sa sœur. La route ouverte, sur la désillusion, la confusion au retour d’un long voyage termine ce segment entièrement issu de Lettres ouvertes. Si Richard Séguin nous offre ses plus récentes chansons, il se tourne aussi vers un répertoire plus ancien, pour notre plus grand plaisir. L’interprétation de L’ange vagabond est magistrale et longuement applaudie. La Lettre à mon frère, de la plume de Félix Leclerc, traitant de l’éloignement, des liens familiaux qui s’effritent avec le temps, nous émeut par ses mots simples et poétiques. Idem pour Sous les cheminées et son portrait touchant d’une adolescence baignée par le rêve de liberté. Les succès Et tu marches ainsi que Double Vie concluent en force la première moitié d’un concert dont on attend la seconde avec impatience.

La suite démarre tout aussi bien, avec Journée d’Amérique et sa morne réalité, puis la politique Protest Song. Richard Séguin se fait la voix des opprimés, des travailleurs exploités avant de proposer une réflexion sur la valeur de la parole dans Nos silences. Il nous bouleverse aussi, avec ce portrait tragique d’une adolescence déchirée. Richard Séguin nous entraîne aussi dans les terres ancestrales avec Le son des anges, abordant la vie dans les réserves amérindiennes, avec tout le poids de leur passé, et de l’espoir pour l’avenir. On plonge ensuite dans Belle Ancolie et son superbe texte métaphorique, avant que Richard Séguin ne prête sa voix à Pour retrouver le monde et l’amour de Gaston Miron, avec son magnifique texte tout en image sur la vie et le passage du temps. Le spectacle se termine (déjà!) avec Qu’est-ce qu’on leur laisse?, vision peu reluisante de l’avenir, mais tout de même porteuse d’espoir pour les générations futures, car Séguin croit en la poésie et au courage de rêver. Le rappel, tout en humour et en douceur, est fait d’anecdotes sur un voyage dans le grand Nord, qui a permis la création de la pièce En cherchant son étoile, puis s’achève avec Si près, si loin, «chanson simple avec des mots simples», décrivant l’amour inconditionnel d’un père pour sa fille, et qui a réellement touché les spectateurs.

L’ovation finale a été spontanée et nourrie, l’artiste a remercié son public pour sa grande qualité d’écoute et est resté un moment pour faire connaissance. Un homme sympathique et accessible que Richard Séguin, passionné et chaleureux.