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Marie-Pier Leclerc: une image ne vaut pas mille mots…

Marie-Pier Leclerc et son tableau intitulé Diffusion.

Marie-Pier Leclerc: une image ne vaut pas mille mots…

Publié le 25/01/2016

Sept tableaux. Il n’en faut parfois pas plus pour produire une exposition qui parle et Marie-Pier Leclerc en rajoute en discourant affablement sur ses huiles de grand format qui occupaient l’espace de la Galerie d’art de Blainvile, tout au long du dernier week-end, deuxième escale de cette série appelée Distinction arts visuels.

Il est question d’autoreprésentation en art dans ces œuvres introspectives, regroupées sous le titre Réverbération/Slippery Echoes, où l’artiste blainvilloise a reproduit des gros plans de son visage, yeux clos, des autoportraits instantanés, en fait, croqués au moment où le sujet viendrait tout juste d’être plongé dans une eau qui frissonne encore en surface, l’élément interférant entre l’objet et celui qui l’observe.

Le contenant

Autre particularité, ces huiles sur toile bénéficient d’un encadrement sculptural singulier, des structures de tilleul qui s’affranchissent de leur simple rôle de support pour épouser l’œuvre jusque dans ses ondulations aquatiques. Ces encadrements sont une réalisation du paternel, Marcel Leclerc, qui est aussi designer.

«C’est lui qui en a eu l’idée. J’étais en fin de baccalauréat en Beaux-Arts (Concordia, 2014) et je préparais ma première exposition professionnelle. Il m’en a fait la suggestion et j’ai d’abord été réticente, parce que je craignais que ces encadrements ne dénaturent mes œuvres», raconte l’artiste qui, on le sait maintenant, a fini par adhérer à la chose en adaptant tout simplement son travail. En fait, il s’agissait de peindre plus grand pour s’assurer que le support reçoive la partie voulue du tableau.

«En cours de production, poursuit-elle, on prenait des photos et, ensemble, on dessinait la forme du cadre en se questionnant sur l’intention de l’œuvre et la meilleur façon de communiquer cette intention.»

La première œuvre ainsi réalisée porte d’ailleurs le titre de l’exposition. «J’aimais beaucoup l’effet du cercle concentrique de l’eau qui se perdait dans l’horizontale et je voulais voir ça se prolonger en-dehors du cadre», dit-elle. Elle a alors dessiné des fragments de ces cercles concentriques que son père a transformés en bois. L’effet est est probant.

Le contenu

Mais que disent tous ces autoportraits immergés, à une ou deux exceptions près où le visage ruissèle en dehors de l’eau?

Il y a d’abord la présence de l’élément qui, indique Marie-Pier Leclerc, s’est toujours retrouvé, de façon intuitive, dans ses tableaux. «Un de mes professeurs m’a fait remarquer ça et je me suit dit qu’il y avait peut-être là un filon», dit-elle.

Elle a d’abord produit et exposé une série de d’autoportraits où on la voyait en entier dans l’eau. Une étudiante en histoire de l’art avait alors écrit un texte dans lequel elle citait notamment le peintre britannique David Hockney qui disait à peut près ceci : «Quand on photographie une éclaboussure, on saisit un moment qui devient immédiatement autre chose et qui ne pourra jamais être vu comme tel dans la vraie vie.»

Ainsi en est-il des gens et de soi-même. «J’ai tout de suite fait le lien avec l’autoportrait, qui est comme une éclaboussure, un instantané, une seconde qui ne représente pas véritablement la personne», de dire l’artiste, qui fait aussi référence aux egosportraits (selfies) qu’on peut recommencer autant de fois qu’on le veut et qui, encore là, ne représentent pas fidèlement la personne. Un image ne vaut pas toujours mille mots.

«Ensuite, dit-elle, j’ai poussé la réflexion vers l’idée de la diffusion qu’on fait de notre propre image. J’ai fait le lien avec l’eau. Les mots contenus dans les titres de mes tableaux, réverbération, vibration, pulsation, polarité, ont tous rapport à l’humain.»

Le rapport à l’eau, dans ces autoportraits aux yeux fermés, fait-il aussi référence au réconfort qu’on peut ressentir (il faudrait quand même une sacré mémoire!) quand on baigne soi-même dans le liquide amniotique? Il se pourrait. «Ma prochaine série portera cette idée, indique Marie-Pier Leclerc. On ne verra pas des bébés, mais des corps immergés, en position fœtale.»

Pour en savoir davantage sur l’artiste et son parcours, vous pouvez visiter le site [mariepierleclerc.wix.com].

Quant à la série Distinction arts visuels, elle se poursuit tout au long du prochain week-end, alors que l’artiste peintre Charlotte Gagnon proposera une série de tableaux regroupés sous le titre Des impressions sans prétentions. La Galerie d’art de Blainville est située au 1000, chemin du Plan-Bouchard.