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Lucie Lauzon, médecin du corps, de l’esprit et de l’âme

Dre Lucie Lauzon

Lucie Lauzon, médecin du corps, de l’esprit et de l’âme

Publié le 22/02/2011

L’équipe multidisciplinaire qui œuvre journellement à l’unité des soins palliatifs du 3e étage du Centre Drapeau-Deschambault doit piloter plusieurs aspects du quotidien de ses patients. Outre les malades et la maladie, la famille occupe également une grande place au sein de cette escouade toujours prête à lui tendre la main.

«Pour les patients, il existe deux aspects difficiles à gérer, explique la Dre Lauzon. C’est le début (leur arrivée) et la fin. Certains savent qu’ils vont quitter la vie, tandis que d’autres préfèrent ne pas en parler.»

Lucie Lauzon travaille aux soins palliatifs du Centre Drapeau-Deschambault depuis 10 ans. La mort faisant partie de la vie, elle devise ouvertement sur la question sans jamais se départir ni de son sourire ni de sa bonne humeur. Illustrant le cheminement de certains patients sachant la fin proche, elle démystifie du même coup l’aspect comportemental qui s’y rattache.

«Très souvent, les malades mettent une distance avec leur famille. Ils sont gentils avec le personnel médical et peuvent l’être moins avec leur entourage, observe-t-elle. C’est cette distance qui leur permet de se détacher. On l’explique à la famille afin qu’elle puisse mieux comprendre. N’oublions pas que si la famille se sépare d’une personne, le patient, lui, doit se séparer de plusieurs personnes à la fois.»

Au demeurant, ce n’est pas parce que l’on séjourne aux soins palliatifs que le sujet principal demeure la mort. Bien qu’il arrive que l’anxiété gagne quelques patients lorsqu’ils cogitent sur leur propre finalité, la Dre Lauzon est là pour leur rappeler «qu’on est dans la vie, là et maintenant, et que seul compte le moment présent.»

Vision différente

Sans être exceptionnelle, la question de la vie est soulevée différemment aux soins palliatifs. On confronte le moment présent sans le chercher dans l’abnégation.

Si Lucie Lauzon se sent privilégiée d’avoir rencontré des patients dont le passage lui aura ramené quelques préceptes de vie enrichissants, pour ne pas dire édifiants, elle confirme l’attachement ressenti à l’égard de divers patients. Quant à l’âge des malades, elle constate toute la difficulté ressentie par ceux qui sont âgés dans la quarantaine ou la cinquantaine et qui ne quittent pas la vie l’esprit en paix.

«Les jeunes sont dans la lutte jusqu’à la fin, même si la qualité de vie peut devenir moyenne. Ils ne sont pas en paix, parce qu’ils se jugent trop jeunes pour partir, et c’est correct», dit-elle.

La famille

Parce qu’il y a un «après», la famille doit aussi être aiguillée dans tout ce processus. Très souvent, elle se sent diminuée, croyant à tort qu’elle n’a pas assez accompli d’actions envers son malade. Il faut donc être là, pour elle, et lui rappeler que les règles ne sont pas fixes.

En examinant au-delà du stéthoscope qu’elle porte autour de son cou, on perçoit, devine les autres chapeaux que porte Lucie Lauzon. Sa présence rassure le malade et la famille. Ses explications sont claires, franches et empathiques. Avec ses patients, on la voit discuter de la vie en général, de leurs enfants ou leurs petits-enfants, des douleurs qu’ils ont et de la manière dont on les soulagera. Il y en a qui acquiesceront, d’autres qui seront plus méfiants ou préféreront de grandes explications détaillées, mais le mot d’ordre demeurera: soulagement.

«Les médecins en soins palliatifs ont juste un but: soulager. Ils savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas guérir leur patient», confie Dre Lauzon.

«Il y a des malades qui deviennent plus difficiles quand ils quittent la vie… c’est triste, s’arrête-t-elle. Lors de l’agonie (derniers jours avant la mort), il y a peu de contacts. Souvent, ils n’ouvrent plus les yeux et cela permet le détachement nécessaire, tant pour l’équipe que pour le patient et la famille.»

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