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Louis-José le rassembleur

(Photo Yves Déry)

Louis-José le rassembleur

Publié le 19/11/2008

La salle du Théâtre Lionel-Groulx semblait remplie à pleine capacité, le samedi 8 novembre, pour accueillir Louis-José Houde et son spectacle Suivre la parade. De tous les âges, le public était fébrile et très réceptif, se bidonnant au moindre mot prononcé par le sympathique humoriste.

Il était précédé sur scène par Philippe Bond, humoriste de la relève, diplômé de l’École nationale de l’humour en 2002. Expressif et bon conteur, il se tire très bien de cette tâche un peu ingrate de «première partie» en relatant ses débuts dans le monde de l’humour, donnant des spectacles dans des endroits pas toujours accueillants, ou encore en racontant les péripéties absurdes qui semblent faire partie de son quotidien.

Le rideau se lève ensuite sur un très beau décor tout en simplicité, composé de multiples panneaux qui seront éclairés de couleurs différentes tout au long du spectacle. Devant cette structure, Louis-José Houde entre sur scène en courant et se lance tout de go dans un hilarant monologue sur sa propre malchance, feu roulant de gags sur «les affaires qui pètent», les projets qui n’aboutissent pas, la vie qui change trop vite. Le numéro suivant, relatant l’expérience de l’humoriste comme employé du recensement s’étire un peu, mais on lui pardonne bien vite avec le récit tordant de son voyage en Guadeloupe. Son jeu est très physique, il arpente sans arrêt le plateau, racontant le tout avec le débit rapide, le sens du punch et les onomatopées qu’on lui connaît.

La seconde partie du spectacle est moins anecdotique, plus personnelle. L’humoriste explore en effet avec nous son enfance, ses souvenirs de famille et les épreuves difficiles qu’il a traversées. Le divorce de ses parents par exemple, et aussi l’interruption de grossesse qu’il a vécue avec une ancienne conjointe. Deux sujets difficiles, mais qu’il a choisi d’aborder parce qu’ils font partie de la vie. C’est si bien amené, avec tant de finesse et émotion, que l’on ne se sent pas coupable de rire, et qu’on a l’impression d’avoir devant soi le véritable Louis-José Houde, celui qui se cache derrière le verbomoteur turbulent. La soirée s’achève sur un superbe monologue en hommage aux mères et aux pères, à la fois drôle et touchant. Le spectacle terminé, l’humoriste prend le temps de raconter quelques histoires supplémentaires et d’exprimer sa gratitude à son public, qui le lui rend d’ailleurs très bien.

Véritable artiste, Louis-José Houde est un as du verbe, un amoureux des mots et ça paraît. Il crée des images poétiques, invente même des verbes pour encore mieux exprimer sa pensée, s’amuse avec la sonorité des mots. Il décrit la vraie vie avec justesse et une infinité de détails, avec une sensibilité que l’on ne lui connaissait pas en abordant des sujets plus délicats. Fin observateur du genre humain, il prend plaisir à souligner les travers, à relever des petits faits quotidiens dans lesquels on se reconnaît tous sans oser en parler. C’est d’ailleurs une autre des forces de Louis-José Houde que de dépeindre des situations auxquelles son public peut s’identifier et rire de lui-même de bon cœur. Car si on rit beaucoup, on réfléchit aussi sur la vie lorsque les projecteurs s’éteignent et qu’on se précipite au-dehors, le sourire aux lèvres, pour rejoindre la parade.

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