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Les oiseaux et le réchauffement climatique

Les oiseaux et le réchauffement climatique

Publié le 28/09/2012

Le réchauffement climatique de la planète constitue maintenant un fait reconnu par la communauté scientifique. Ce phénomène entraîne déjà des répercussions sur la faune ailée québécoise, selon Xavier Francoeur, chercheur en biologie à l’Université du Québec à Rimouski, conférencier lors du Congrès des ornithologues amateurs organisé par le Regroupement Québec-Oiseaux, tenu dernièrement à Saint-Hyacinthe.

Depuis les 50 dernières années, la température moyenne de la terre a connu une hausse de 0,6 °C, souligne M. Francoeur. Il ajoute que le Québec ne fait pas exception à cette tendance puisqu’on enregistre une augmentation de 1,3 °C entre 1961 et 2005. «Le réchauffement climatique amène des changements dans la répartition des oiseaux du Québec», a indiqué M. Francoeur.

La mésange bicolore, le cardinal rouge, la tourterelle triste, l’urubu à tête rouge, le dindon sauvage et la grande aigrette sont parmi les 12 nouvelles espèces d’oiseaux qui sont apparues depuis les années 1960 et 1970 dans le paysage québécois, en provenance du sud.

Ce phénomène est confirmé par une étude de la société de conservation Audubon qui note que le changement climatique semble pousser les oiseaux américains vers le nord: «En quarante ans, près de 60 % des 305 espèces d’oiseaux communes aux États-Unis se sont déplacées de manière significative vers le nord.»

À titre d’exemple, le pic à ventre roux, un oiseau relativement commun au sud de la frontière, est dorénavant observé de manière régulièrement dans le sud de l’Ontario et commence à être signalé dans l’extrême sud du Québec.

Le rapport de M. Francoeur puise ses données dans le programme Étude des populations d’oiseaux du Québec, une importante banque de renseignements. Depuis plus de 30 ans, cette base a recueilli plus de six millions d’observations faites par les ornithologues de la province.

Soulignons que les amateurs, tout comme les professionnels, peuvent contribuer à cette base de données en soumettant leurs observations d’oiseaux compilés dans leurs cours de maison ou leurs excursions. Un feuillet d’observations est disponible sur le site [www.quebecoiseaux.org/epoq].

La présence de ces nouveaux oiseaux enjolive nos cours et nos jardins, à la grande joie des observateurs d’oiseaux. Par contre, ils entrent en compétition avec des espèces établies, ce qui bouleverse la biodiversité.

Migration hâtive

La migration printanière du sud vers le nord est plus hâtive que par le passé. En Amérique du Nord et en Europe, plusieurs espèces arrivent maintenant une semaine (en moyenne) plus tôt que par le passé, selon diverses sources scientifiques.

En 2012, la paruline à gorge noire a été aperçue dès le 16 avril au Témiscamingue, devançant de dix jours son arrivée moyenne pour le Québec. De son côté, le colibri à gorge rubis a été observé, dès la mi-avril, dans trois localités du sud du Québec, représentant un gain d’une semaine par rapport aux premières mentions de l’oiseau dans les années passées.

Les oiseaux qui arrivent plus tôt ne trouvent pas toujours de la nourriture. La paruline, oiseau insectivore, a-t-elle capté des insectes pour se nourrir? Le colibri a-t-il trouvé du nectar dans les fleurs? A-t-il survécu?

En hiver, il semble que certaines espèces restent avec nous en plus grand nombre. Par exemple, la population du merle d’Amérique, un oiseau assez rare en saison froide, a été nettement à la hausse, l’hiver dernier, dans le sud du Québec.

Les impacts du réchauffement sont multiples pour les animaux. On n’a qu’à penser aux ours polaires qui assistent, impuissants, à la fonte accélérée de leurs banquises, sans oublier les inondations et l’érosion des berges et autres conséquences majeures pour la civilisation humaine.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com