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Des souris et des hommes… et un harfang

Harfang des neiges en vol.

Des souris et des hommes… et un harfang

Publié le 11/02/2011

Vingt photographes pourchassent un harfang des neiges dans un champ. Un des photographes attire l’oiseau au moyen d’une souris rattachée à un fil lié à sa main. Clic! Clic! Clic! Les éclairs fusent de toute part! Le harfang repart. Le même manège recommence. L’oiseau revient dans la mire des photographes. Le harfang, gavé de souris d’animalerie, fera la page principale d’un calendrier, d’une affiche ou d’un livre.

Cette scène survenue à plusieurs reprises l’hiver dernier à Saint-Barthélémy, dans Lanaudière, a fait l’objet d’un reportage télévisuel à La Semaine verte de Radio-Canada, en mars 2010. Le but du reportage était de montrer le comportement irrespectueux de ce groupe prêt à tout pour capter la «nature sauvage». L’hiver précédent, le même phénomène s’était déroulé dans les champs de Mirabel, une situation qui a été dénoncée par le Club d’ornithologie de Mirabel.

L’accès à cette nourriture facile a modifié le comportement naturel de notre harfang. Il est devenu familier face aux humains, quasi apprivoisé. À la fin de l’hiver, notre oiseau a-t-il réussi à rejoindre son territoire nordique?

Pire encore, a-t-il survécu à l’hiver? Habitué à la présence humaine, notre harfang a peut-être été frappé par une automobile, la principale cause de décès chez cette espèce en hiver, selon l’Union québécoise de réhabilitation des oiseaux de proie (UQROP), organisme qui s’est élevé contre l’utilisation d’appâts vivants pour la photographie à des fins personnelles.

La photographie et l’observation des oiseaux sont des activités nobles qui peuvent sensibiliser le public à la valorisation de la nature. Cependant, des abus sont trop souvent commis au détriment des animaux et de la nature.

Le respect des oiseaux et de la nature

Face à ces abus, diverses associations de photographes et le Regroupement Québec-Oiseaux, qui englobe plus de 30 clubs d’ornithologie, ont établi un code d’éthique en vue de la protection de la faune et de la flore.

Dans le domaine de la faune, on recommande, entre autres, de déranger le moins possible les oiseaux, ne pas les effrayer, ni de les pourchasser, de ne pas s’approcher des nids, ni perturber les oisillons et de ne pas utiliser des enregistrements sonores.

Du côté de la flore, il est essentiel de demeurer dans les sentiers et ne pas endommager la végétation.

De plus, le respect de la propriété privée est un fait primordial. La chasse photographique aux harfangs de Saint-Barthélémy et de Mirabel se déroulait sur des terres agricoles privées, et dans la plupart des cas, sans autorisation de la part des propriétaires.

Plusieurs personnes posent des gestes dommageables pour la nature sans même s’en rendre compte ou sans mauvaise intention. Mais il faut savoir que les dérangements humains entraînent l’oiseau dans des comportements d’alerte, de panique. L’oiseau peut même abandonner ses oisillons et déserter son nid.

Sur le plan éthique, ces considérations nous rappellent l’importance de préserver intégralement la nature, car chaque plante, chaque animal est unique.

À noter

Le reportage sur le harfang et les photographes peut être visionné sur le site de Radio-Canada: [www.radio-canada.ca/lasemaineverte].

Le code d’éthique intégral du Regroupement Québec-Oiseaux est disponible sur le site [www.quebecoiseaux.org].

 

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est vice-président de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi conférencier et rédacteur en chef du bulletin L’Oriole, publié par cet organisme. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.