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Chasser sous l’égide de son maître de chasse

(Photo Marie-Ève Auclair)

Chasser sous l’égide de son maître de chasse

Publié le 08/10/2010

Depuis 200 ans, les costumes sont semblables, les traditions respectées et les façons d’agir identiques. L’étiquette à suivre, dans une chasse à courre, nécessite un protocole rigoureux, mais non austère, assurant ainsi la survie d’une tradition historique.

Les trois maîtres de chasse du Club de chasse à courre de Montréal, Richard Touchette, Roger Deslauriers et Georges Lemay, régentent les chasses et gèrent les activités qui s’y greffent. De façon plus explicite, ils sont personnellement à la tête des cavaliers qui, en aucun cas, ne les dépasseront ou ne transgresseront leurs règles.

Ils seront suivis de près par leur piqueur, soit le maître-chien, l’homme qui connaît par cœur le nom des 50 chiens du Club et qui les entraîne de cinq à six heures par jour. Celui-ci bénéficie aussi d’assistants, les Whip, dont la vocation demeure la surveillance des chiens, les Hounds.

Derrière ces derniers, les cavaliers et leurs montures. «En tant que maître de chasse, je suis aussi celui qui est responsable d’engager le piqueur. Le nôtre vient d’Angleterre, d’ailleurs», ajoute Richard Touchette.

Disposant de deux vestes officielles, une de couleur rouge (noire pour les femmes), portée uniquement pendant la chasse, et une autre carreautée, destinée aux évènements plus mondains, les cavaliers portent aussi la lavallière blanche nouée artistiquement autour du cou, mais dont l’utilité va au-delà de l’élégance puisqu’elle peut servir également de garrot en cas d’accident.

La cravache, accessoire qui contrôle le comportement de la meute de chiens, a elle aussi une seconde fonction. «Lorsque nous laissons tomber la lanière de la cravache à côté de notre cheval, nous signifions aux chiens de ne pas s’approcher de notre monture. À l’autre extrémité, nous avons un crochet qui nous permet d’ouvrir les clôtures sans avoir à descendre du cheval», explique Marc-André Bégin, un membre de longue date du Club de chasse à courre de Montréal dont le siège social est situé dans le secteur de Saint-Augustin, à Mirabel.

Les règles étant bien en place, la dizaine de cavaliers (ou plus) s’élancera vers les bois en ayant, au préalable, vidé un petit verre de sherry, formalité d’usage lorsque vient le temps de se souhaiter mutuellement bonne chance pour la chasse.

«L’intention n’est pas de tuer un animal, mais bien de suivre la meute de chiens qui, elle, court après le renard», précise M. Bégin. Le tout se soldera devant un magnifique breakfast, fière illustration de ce loisir consommé avec complaisance par le militaire anglais du XVIIIe siècle.

La meute

C’est au moyen du cor de chasse, objet ressemblant étrangement à une excroissance que l’on retrouve sur la tête de certains mammifères ruminants, que le piqueur rassemblera la meute. Les sons qui émanent de cet instrument ont pour objet de communiquer des manœuvres, des informations et des directives à suivre. Certains d’entre eux s’adresseront aux chiens, tel un simple rappel à l’ordre, tandis que d’autres indiqueront l’encouragement prodigué à la meute, leur arrêt temporaire ou encore la confirmation que les chiens courent bien après la proie.

Le Club de Mirabel compte 22 couples de chiens de chasse. De ce nombre, trois couples sont de nouvelles entrées (c’est-à-dire qu’ils ne chassent que depuis un an), alors que 12 d’entre eux ne chassent pas encore. Les caractéristiques du pur chien de chasse anglais se manifestent par sa conformation, ses mouvements et son endurance. Tous comme les autres clubs de chasse à courre, celui de Mirabel enregistre et garde un livre de ses chiens à travers les années, ce qui permet de confirmer la descendance et ses caractéristiques au fil du temps.

«Le Club de chasse à courre est ouvert à tout le monde, il n’y a pas de ségrégation. Il faut savoir monter à cheval (bien sûr), et être invité par un membre du Club», rapporte Marc-André Bégin.

Sachez que chaque année, le Club de chasse à courre de Montréal organise un tournoi. Celui-ci s’est déroulé le dimanche 26 septembre dernier, à Saint-Augustin, en présence de ses membres et de nombreux invités.