logo journal nord-info
icon journal
Appel d’offres pour sa démolition: est-ce la fin pour l’aérogare de Mirabel?

Le sort de l’aérogare de Mirabel devrait se jouer d’ici septembre prochain.

Appel d’offres pour sa démolition: est-ce la fin pour l’aérogare de Mirabel?

Publié le 02/05/2014

Tout indique que l’aérogare de Mirabel sera démantelée, Aéroports de Montréal (ADM) et Transports Canada ayant donné leur feu vert pour lancer un appel d’offres en vue de sa démolition. Cette décision adoptée à l’occasion de l’assemblée annuelle publique d’ADM a été annoncée jeudi matin, à l’issue de cette même assemblée. La direction d’ADM avait rencontré le maire de Mirabel, Jean Bouchard, le jour précédent pour l’en avertir.

Quelques jours plus tôt, le maire Bouchard était pourtant plein d’espoir de pouvoir trouver une nouvelle vocation au bâtiment abandonné en 2004, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ayant officiellement demandé à ADM de surseoir à sa décision de le démolir.

Celui-ci envisageait de transformer le site en un centre de foires pour y accueillir un salon dédié à l’aéronautique et d’envergure internationale. L’idée avait séduit plusieurs décideurs locaux, même ADM, a laissé entendre le maire.

Joint jeudi matin, le maire Bouchard, bien qu’attristé par la décision, se raccroche d’ailleurs à ce projet. «Ils [ADM] se sont montrés enthousiastes à l’idée d’un salon international de l’aéronautique, mais il leur faut un projet rentable. Et c’est à nous de faire la démonstration, avec une étude de faisabilité, qu’il est possible de trouver une nouvelle vocation rentable à ce site comme un centre de foires et tout ce qui gravite autour de l’aéronautique comme un centre de recherche et de développement», d’assurer Jean Bouchard.

Or, la rentabilité n’est pas un vain mot pour ADM. En entrevue téléphonique jeudi, le président directeur général d’ADM, James Cherry, a affirmé être ouvert au projet du maire Bouchard, pourvu qu’il soit viable. «Tout ce que nous avons aujourd’hui, c’est une possibilité de projet. Nous n’avons pas vu de proposition. Mais le maire nous a demandé quelques mois pour monter un plan de financement et démontrer que le projet est viable», a indiqué celui‑ci.

L’approbation finale quant à l’octroi du contrat de démolition sera donnée en septembre, ce qui laisse un dernier sursaut au maire Bouchard pour mettre de la chair autour de l’os de son projet. «C’est à ce moment-là qu’on va décider si l’on procède ou non au démantèlement. Mais si le projet du maire est fiable et rentable, nous sommes prêts à le considérer», d’assurer James Cherry.

Sinon, ce sera la démolition. De récents rapports d’experts effectués par le Groupe Altus et ARUP ont confirmé à ADM que l’aérogare est désuète et que son état nécessite une mise aux normes estimée à 27 M$, et même à 36 M$, pour l’ensemble du complexe. Depuis dix ans, ADM dit avoir investi 30 M$ pour entretenir le bâtiment qui occupe 15 des 6 000 acres de la zone opérationnelle de l’aéroport Montréal-Mirabel. La direction d’ADM dit préférer investir quelque 100 millions de dollars dans cet aéroport au cours des prochaines années.

«On ne va pas maintenir en vie éternellement un bâtiment vide. Est-ce qu’il y a des gens de la ville prêts à prendre la responsabilité pour les coûts du bâtiment?» a demandé James Cherry, en ajoutant n’avoir aucun projet en tête à court terme pour le terrain. «Nous n’avons pas de projet en prévision, pas avant deux ans», a‑t‑il assuré.

Le maire Bouchard a cependant émis quelques doutes à ce sujet. «Leur décision de démolition, elle est pour une autre raison que ce qu’on nous a dit; ils ont un plan derrière la tête, c’est clair», dit‑il.

Quoi qu’il en soit, le maire Bouchard n’entend pas baisser les bras et compte sur l’intervention des gouvernements provincial et fédéral qu’il prévoit approcher prochainement. Si la Ville de Mirabel n’envisage pas de racheter le site de l’aérogare, il croit qu’un organisme sans but lucratif comme la Société de gestion Montréal-Mirabel, dont la Ville est partenaire, pourrait peut-être le faire.

La députée néo‑démocrate d’Argenteuil-Papineau-Mirabel, Mylène Freeman, a vivement réagi en apprenant l’éventuelle démolition. Dans un communiqué publié jeudi, celle-ci a déploré la décision rendue par ADM. «L’aérogare de Mirabel pourrait devenir un moteur économique pour toute la région. Aéroports de Montréal a refusé d’entendre l’objection des élus locaux et de la communauté d’affaires. C’est un non‑sens», a affirmé la députée.