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23 février 2011: ma 9e rencontre avec Lisa

23 février 2011: ma 9e rencontre avec Lisa

Publié le 01/03/2011

Ce sont des métastases pulmonaires et osseuses qui rongent le corps de Lisa. C’est écrit noir sur blanc. En main propre par le médecin.

Depuis mercredi, les douleurs sont un peu plus fortes.

Lisa se demande si les articles ont paru. Je lui explique que les premiers sont publiés aujourd’hui et les autres suivront, à raison de deux fois par semaine.

Après les cœurs de Saint-Valentin, ce sont les lapins de Pâques qui figurent au menu.

«Même si je ne serai plus là, à Pâques, il y aura des décorations. Je suis contente parce qu’une garde-malade m’a dit qu’ils avaient gardé les cœurs de Saint-Valentin pour les remettre l’année prochaine. Et là, ils sont contents aussi que je fasse des lapins de Pâques.»

Sous mes yeux, elle est en train d’en fabriquer un au moyen de papier de construction. Elle veut m’enseigner les rudiments de la création et de la construction d’un bricolage. Attentive, je la regarde faire religieusement, car je veux transmettre son savoir à l’une de mes filles, petite artiste remplie de talent.

Sachant ce que j’ai l’intention de faire, elle me propose généreusement de noter, étape par étape, tout le processus d’exécution dans la réalisation des lapins de Pâques.

Se faisant, elle me met en garde. Je dois laisser ma fille exprimer son talent artistique pour que celui-ci continue à prendre de l’ampleur tout au long de sa vie. L’âge de ma fille (8 ans) d’ailleurs la ramène à sa propre enfance et, par ricochet, au Petit Prince de Saint-Exupéry.

«C’est un livre qui se lit très bien. Le petit garçon a une belle réaction avec la rose. S’il veut prendre soin d’elle, il doit l’apprivoiser. C’est comme ça dans la vie. Il faut tout apprivoiser, la maladie, nos amis…»

Voilà un bail que Lisa n’a pas lu Le Petit Prince. Elle aimerait bien le consulter une dernière fois. Et ça tombe bien, je l’ai chez moi.

Elle l’aura vendredi.

«Comme ça, je pourrai en lire des bouts à mon amie», me déclare-t-elle en pointant du doigt la chambre d’une autre patiente en soins palliatifs.

Même si elle a créé un lien amical avec cette femme, elle me fait part de son inquiétude que cette dernière s’attache trop à elle.

«Vous êtes attachante Lisa, et ce n’est pas notre faute si l’on s’attache à vous», que je lui souligne.

Gênée, Lisa baisse les yeux.

Elle ne sait pas comment répondre aux marques d’affection…

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