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Les travailleurs de rue, artisans de l’espoir

(Photo Michel Chartrand)

Les travailleurs de rue, artisans de l’espoir

Publié le 23/01/2009

Autrefois chapeautés par la Maison des jeunes des Basses-Laurentides, les travailleurs de rue sillonnent désormais les rues de Blainville, Boisbriand et Sainte-Thérèse grâce, d’une part, à l’implication financière des villes et, d’autre part, à l’expertise d’Écluse des Laurentides, un organisme voué depuis plus de 15 ans à la cause des jeunes et moins jeunes.

Sous sa gouverne, les travailleurs de rue ont le mandat d’écouter ces gens qui vivent, par choix ou par dépit, en marge de la société, de les diriger vers les bonnes ressources et de les accompagner dans leur démarche, au gré de leurs besoins.
«Les travailleurs de rue vont vers les gens qui, autrement, n’ont personne pour les soutenir. Pas de famille, ni d’amis. Une fois que le lien de confiance est établi, le travailleur de rue les aide à sortir de leur solitude», d’expliquer Émilie Rouleau, coordonnatrice par intérim à l’Écluse des Laurentides. Loin de la prise en charge, l’idée du travail de rue vise ultimement la réappropriation du pouvoir des gens, peu importe leur âge, sur leur vie et leurs choix. «Ça va au-delà de la relation d’aide; c’est une relation d’être», d’ajouter Mme Rouleau.

Karine, Martin et François

Plus près de nous, les travailleurs de rue ont un prénom. Ils s’appellent Karine, Martin et François. Et ils sont tous animés par une même passion: celle de l’être humain. Karine sillonne les rues de Sainte-Thérèse depuis mars dernier, Martin est à Boisbriand depuis le mois de mai et François opère à Blainville depuis le mois d’août 2007. Chacun d’eux, à sa façon, tend la main à ceux qui, autrement, continueraient de subir la solitude. «Après avoir été représentant des ventes pendant 20 ans, j’ai réalisé que ce qui me passionnait le plus, c’était les relations humaines. Devenir travailleur de rue, c’est l’élan qui me manquait», confie François. Pour Karine, l’aspect social a toujours été présent. Dans sa vie comme dans ses études et maintenant son travail. Travailleuse de rue depuis cinq ans, elle profite de sa première année à Sainte-Thérèse pour découvrir son nouveau milieu et établir des contacts. «Je continue d’explorer et d’observer. Je me mêle aux gens que je rencontre et progressivement, je leur parle de mon travail», explique-t-elle. Parce que tout repose sur le lien de confiance. «Nous ne sommes pas des intervenants. En fait, le seul fait de prononcer le mot intervenant peut faire fuir la personne», croit-elle.
«C’est un travail de longue haleine qui prendra tout son sens dans deux, voire trois ans, poursuit François. J’ai rencontré beaucoup de résistance au cours de ma première année. Je commence seulement à solidifier des liens.» Quant à Martin, c’est principalement dans les parcs de Boisbriand, les bars et la zone @dobase qu’il oriente son action. «C’est vrai qu’il y a une grosse concentration de jeunes à l’@dobase. Mais Boisbriand compte aussi son lot de parcs isolés qu’il ne faut pas oublier», précise-t-il.

Aller vers les gens heurtés ou en rupture avec les structures de la société, tel est l’apanage du travailleur de rue. Même en hiver. «Les travailleurs de rue continuent de visiter les jeunes chez eux, dans certains cas, et se rendent fréquemment dans les organismes, les bars et les cafés de la région», indique à ce propos Mme Rouleau. Parce qu’en continuant de se rendre dans leur milieu de vie et en étant présents le plus possible, les travailleurs de rue deviennent aussi porteurs d’espoir: celui d’améliorer leur situation.